Le Syndicat des magistrats charge violemment Belkacem Zeghmati
Par Mounir Serraï – Le Syndicat national des magistrats (SNM) a pondu un communiqué dans lequel il relève tous «les abus et les pressions» que subissent les magistrats dans l’exercice de leurs fonctions. Le SNM s’en est pris violemment au ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, qu’il accuse d’être entièrement responsable de cette situation que le Syndicat qualifie de «scandaleuse».
Le Syndicat se demande pourquoi le ministère de la Justice ne l’a pas associé, comme il est de coutume, à l’élaboration du projet de loi portant amendement du code pénal. «Un projet de loi que le SNM critique en ce sens qu’il touche à la légitimité pénale qui se repose sur une définition qui ne souffre aucune ambiguïté des crimes afin de protéger les libertés et les droits fondamentaux des individus de toute atteinte».
Le Syndicat des magistrats poursuit en évoquant l’affaire de la détention de deux procureurs. Une détention qu’il qualifie d’arbitraire. Il s’agit du placement sous mandat de dépôt, le 23 avril dernier, du procureur adjoint du tribunal de Aïn M’lila dans une affaire d’un complément d’enquête exigée par le Parquet, «qui a requis une deuxième inculpation et une détention provisoire». Cela «alors qu’il avait été mis en liberté provisoire par la chambre d’accusation près la cour d’Oum Bouaghi, le 14 avril». La présidente de cette chambre, précise le SNM, en a fait les frais. Elle a été limogée. Pour le SNM, il s’agit de «pratiques abusives» et de «moyens de pression» utilisés par le ministre pour mater la contestation en «violation de l’article 166 de la Constitution qui consacre la protection du magistrat de toute forme de pression et d’interférence et l’article 165 qui stipule que le juge ne doit obéir qu’à la loi».
Le SNM rappelle dans ce sillage que le même sort a été réservé au procureur adjoint auprès du tribunal de Tiaret, considérant cela comme un «acharnement du ministre de la Justice contre les magistrats ayant participé au mouvement de contestation auquel avait appelé le Syndicat le 26 octobre 2019».
Le syndicat des magistrats interpelle ainsi le président Abdelmadjid Tebboune pour mettre fin à ces abus. Il l’appelle à «prendre des mesures urgentes afin de protéger les magistrats de tous les abus et toutes les pressions et interférences qui portent atteinte à l’exercice de leur mission et à la crédibilité de leurs décisions».
Le SNM lui demande également de «neutraliser toutes les forces du mal qui agissent et qui instrumentalisent la justice à des fins inavouées» et mettent en péril son indépendance.
M. S.
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