Le dilemme de la Grande Mosquée d’Alger qui met Tebboune dans la gêne
Par Nabil D. – Des observateurs ont relevé le report sans fin de l’inauguration de la Grande Mosquée d’Alger. Cet édifice monumental voulu par Abdelaziz Bouteflika met son successeur dans une situation délicate. En effet, cet imposant lieu de culte qui tenait à cœur au prédécesseur d’Abdelmadjid Tebboune se dresse au cœur de la capitale comme un symbole de «l’ancien régime» et sa nature religieuse fait que la nouvelle équipe dirigeante risque de se retrouver à louer, malgré elle, une œuvre érigée par celui qui est montré comme la cause de tous les malheurs du pays.
De plus, notent ces observateurs avisés, quand la construction de la Grande Mosquée d’Alger a été lancée, Abdelmadjid Tebboune était ministre de l’Habitat et c’est à lui que l’ancien président Bouteflika avait confié la mission de suivre le chantier et de le tenir informé régulièrement de l’état d’avancement du projet pharaonique que Bouteflika rêvait de laisser à la postérité en gravant son nom comme celui qui aura édifié le troisième plus haut minaret au monde après ceux des deux Lieux saints de l’islam et le centre de rayonnement d’un théisme du juste milieu et de la tolérance.
Cette œuvre laissée par le vilipendé Bouteflika est devenue problématique depuis sa déchéance en avril 2019. Avant sa démission forcée, l’ancien chef de l’Etat voulait couper le ruban de deux grandes infrastructures réalisées dans la capitale, la nouvelle aérogare de l’aéroport international Houari-Boumediene et la Grande Mosquée d’Alger, bâtie par les Chinois et qui attend d’être ouverte aux milliers de fidèles qui voudraient accomplir la prière dans ce joyau architectural alliant tradition et modernité. Mais, là aussi, s’interrogent ces observateurs, il n’est pas certain que les Algériens, très remontés contre Bouteflika, veuillent franchir le seuil d’une mosquée dont ils pensent qu’elle est souillée par la luxure et la prévarication.
Certains pensent, pourtant, que malgré les erreurs du pouvoir, il ne faut pas nier cette initiative et appellent même à faire preuve de reconnaissance «sans complexe» envers celui qui en a eu l’idée.
Comment Abdelmadjid Tebboune, qui a suivi l’élévation de cette œuvre depuis qu’elle est sortie de terre en octobre 2011 jusqu’à son départ du gouvernement en août 2017, va-t-il faire pour l’ouvrir aux pratiquants sans que cela renvoie à celui dont il s’échine à effacer les sillons indissolubles qu’il a profondément tracés après vingt ans de règne sans partage ?
N. D.
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