Qui osera criminaliser la rétention de l’information par les sources officielles ?
Par Kamel M. – Les lois répressives concoctées par Belkacem Zeghmati, qui aura marqué ce département de son empreinte indélébile comme le pire ministre de la Justice depuis l’Indépendance, donnent lieu à des réactions virulentes aussi bien de la part de citoyens lambda que des membres de la corporation, juges et avocats. Le dernier texte adopté par le Parlement croupion hérité du régime Bouteflika, relatif à la criminalisation des fausses informations diffusées sur les réseaux sociaux, mais également dans les médias reconnus en tant que tels, a fait dire à des observateurs avertis que «toutes les lois, ces derniers mois, sont destinées à réduire la marge de manœuvre des journalistes et des internautes et, ainsi, porter atteinte à la liberté d’expression déjà malmenée depuis la prise du pouvoir par l’ancien chef d’état-major, le général Gaïd-Salah, et une poignée d’affidés zélés».
«Cette situation doit pousser les citoyens, les partis de l’opposition, les militants, les membres du Hirak à exiger que soit votée une loi criminalisant la rétention de l’information par les tenants du pouvoir et donc par les sources officielles qui, non seulement manipulent l’opinion publique, mais ferment les vannes et l’empêchent de connaître la vérité sur un grand nombre de décisions et de faits qui se déroulent dans les salons capitonnés du sérail», relèvent ces observateurs. «Il est grand temps, selon eux, que les Algériens profitent de lois qui les servent en premier lieu et les protègent contre les fake news distillées de façon perfide par des médias à la solde du pouvoir et des mercenaires tapis dans l’ombre, payés par le contribuable pour poster des messages racistes, haineux, inquisitoires et insultants, sur instigation d’officines secrètes», notent-ils.
Les journalistes se sont toujours plaints de la difficulté d’exercer leur métier en raison de l’impossibilité d’accéder à l’information de sorte à encourager un journalisme d’investigation, à l’image de celui qui a permis de faire éclater les scandales du Watergate aux Etats-Unis en 1974 et de l’Achille Lauro en France en 1985, entre autres. «Jamais la presse algérienne n’a révélé un fait sur la base d’enquêtes poussées», regrettent ces observateurs. «En Algérie, c’est celui qui se place le plus près possible des centres de décision qui est servi le premier. Il en était ainsi d’Ennahar TV sous Bouteflika, et il en est ainsi de son succédanée El-Hayat TV maintenant», soulignent-ils. «Même les youtubeurs qui donnent des sueurs froides au pouvoir actuellement, à partir de l’étranger, obtiennent leurs scoops de l’intérieur des institutions civiles et militaires où des officiers ou des cadres mécontents ou opposés au système mais tenus par l’obligation de réserve, choisissent des porte-voix pour révéler au grand jour ce qu’ils constatent de visu sans pouvoir agir directement», expliquent encore ces sources informées.
K. M.
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