Plan de la justice parallèle : le meneur, l’agent de liaison et les exécuteurs
Par Mohamed K. – Une véritable justice parallèle a été mise sur pied au lendemain de la déchéance de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika par son vice-ministre de la Défense, pour régler ses comptes et emprisonner à tour de bras en violation totale des lois de la République. L’organigramme de cette organisation criminelle, qui prend ses ordres d’institutions extrajudiciaires, a été révélé par nos confrères d’Algeriepart qui rappelle que les noms des juges impliqués dans cette opération de détournement de l’appareil judiciaire sont, de toute façon, connus, puisque, comble du cynisme, nommés par un décret publié dans le Journal Officiel et signé par le président par intérim, Abdelkader Bensalah.
«En haut de la pyramide, on retrouve six hommes qui forment la véritable chaîne de décision de ce système. Il s’agit d’Abderrachid Tabi, président de la Cour suprême, Madjid Abderrahim, procureur général près la Cour suprême, Abdelmadjid Bitam, directeur général des ressources humaines au ministère de la Justice, Abdelkader Hamdane, inspecteur général du ministère de la Justice, Abdelhafid Djaarir, directeur général des affaires judiciaires et juridiques au ministère de la Justice, et Djamel Gasmi, président de la Cour d’Alger», indique-t-on.
Ces six exécuteurs travaillent sous la houlette du ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, qui, lui, recevait ses ordres du général Wassini Bouazza, l’ancien directeur de la sécurité intérieure. Cette machine broyeuse a été mise en place pour pouvoir monter des dossiers fallacieux et intenter des procès expéditifs par des magistrats aux ordres. Des sources informées ont précisé à Algeriepatriotique qu’outre les six personnes citées plus haut, d’autres exécuteurs font également partie de ce cartel : le procureur général d’Alger, Mourad Sid-Ahmed, le juge d’instruction de la 13e chambre, Mohamed Aabita, la présidente du tribunal d’Alger, Douniazed Guellati, l’ancienne présidente, Kheïra Abdelmoumen, et le juge pénal du pôle, Lakhdar Achaïchia.
Nos confrères d’Algeriepart observent, par ailleurs, une collusion entre le président de la Cour suprême et l’ancien président du panel pour le dialogue. «Il y a 20 ans, Abderrachid Tabi occupait le poste de chef de cabinet à l’APN, du temps de Karim Younes», précise le site, qui explique que cette équipe, constituée par Belkacem Zeghmati après approbation du général Wassini Bouazza, fonctionne selon une organisation huilée. Le ministre de la Justice instruit l’inspecteur général, Abdelkader Hamdane, de fomenter un dossier contre une personne à incarcérer, ce dernier charge les procureurs territorialement compétents de mettre à exécution le plan par téléphone, donc de façon tout à fait illégale. Le verdict, la date et le déroulement du procès sont fixés par le directeur général des affaires judiciaires et juridiques au ministère de la Justice.
La purge opérée par Belkacem Zeghmati en octobre 2019 participait de cette machination diabolique après que le ministre de la Justice, aujourd’hui frappé d’interdiction de sortie du territoire national et dont le limogeage n’est qu’une question de temps, eut constaté qu’un mouvement de contestation couvait. Le Syndicat national des magistrats et le Club des magistrats sont montés au créneau, ces dernières semaines, pour dénoncer la mainmise de forces extrajudiciaires sur la justice, allusion directe à l’ancien directeur général de la sécurité intérieure. Avant eux, les avocats pointaient du doigt de façon plus directe le général Wassini Bouazza et, donc, corolairement, ses pions au ministère de la Justice et au sein de l’institution judiciaire.
Le nettoyage en cours au sein des services de sécurité sera sans aucun doute suivi par une action similaire dans le secteur de la justice dévoyé par une poignée de ripoux qui ont en fait un instrument au service d’une organisation mafieuse qui est en voie d’être démantelée.
M. K.
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