Image provocante, cas Drareni : nouvelle «scène de ménage» entre Alger et Paris
Par Nabil D. – Abdelmadjid Tebboune a lancé de nouvelles piques à l’endroit de la France sans la citer nommément. Lors de sa dernière apparition télévisée, le successeur d’Abdelaziz Bouteflika n’a pas manqué de citer le cas du journaliste Khaled Drareni, qu’il a accusé à demi-mot d’«intelligence avec la France». Une accusation relayée avec la vitesse de l’éclair par les mercenaires à la solde des généraux Abdelkader Lachkhem des transmissions et Boualem Madi du commissariat politique, pour attiser le feu d’une nouvelle «crise» avec la France. Une crise rendue nécessaire par les accusations qui ciblent la nouvelle direction politique à laquelle il est reproché d’avoir «tombé le masque» et d’avoir «tourné le dos au panarabisme promis».
L’affaire Khaled Drareni a provoqué une mini-tempête qui, cependant, peut se transformer en véritable crise diplomatique. En effet, l’emprisonnement du correspondant de Reporters sans frontières (RSF), organisation française que Tebboune a citée du bout des lèvres dans sa dernière interview, risque de ne pas passer sans les remontrances de Paris. Le fait que Khaled Drareni se soit déplacé à l’ambassade de France après l’interrogatoire qu’il venait de subir à la Direction de la sécurité intérieure est perçu par les autorités presque comme un acte de «trahison». Or, en étant affilié à un organisme de droit français, il semble bien que Khaled Drareni ne se soit pas rendu à l’ambassade de son propre chef mais ait été invité à apporter des clarifications sur sa situation. L’image diffusée par les services de Wassini Bouazza sur les réseaux sociaux, montrant le journaliste avec l’ancien ambassadeur Bernard Emié, aujourd’hui patron de la DGSE, vise clairement à semer la confusion et à «enfoncer l’accusé».
Sur ces entrefaites, les services d’information de l’armée française publiaient, sur leur compte Twitter, une photo intrigante montrant un soldat français devant des plaques signalant des directions diverses vers des villes situées hors de France, parmi lesquelles Tizi Ouzou. On y lit : «DZ, Tizi Ouzou, Bylka». Le texte est accompagné du drapeau national à côté du code pays (DZ) et de l’emblème amazigh devant le mot «kabyle», écrit en verlan, argot français qui consiste en l’inversion des syllabes. Cette étrange «publicité» de l’armée française a soulevé une grande polémique et a été massivement commentée sur les réseaux sociaux, mais n’a donné lieu à aucune réaction officielle de la part des autorités algériennes. En tout cas, pas pour le moment ou pas publiquement.
Alger et Paris cheminent vers une nouvelle passe d’armes après que la visite de Jean-Yves Le Drian avait laissé entrevoir un aplanissement des problèmes entre les deux capitales et un retour à un semblant de normalité dans les relations en dents de scie entre l’ancienne puissance coloniale et son ancienne colonie. Il n’en fut rien, même si, dans les faits, «l’intérêt commun» contredit les discours empreints d’animosité et de rancœur.
N. D.
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