La présidence de la République lancera une nouvelle chaîne de propagande
Par Nabil D. – Une nouvelle télévision «privée» va voir le jour. C’est, du moins, ce que révèle le journaliste exilé à Londres Saïd Bensedira, qui précise que cette chaîne sera confiée à Slimane Bakhlili, un transfuge de l’ENTV et d’Echorouk TV, où il anime des émissions de divertissement. Cette télévision, qui est en cours de création, viendra s’ajouter à la panoplie d’autres qui activent en Algérie mais qui sont enregistrées à l’étranger. Le projet est piloté par le porte-parole de la présidence de la République, Belaïd Mohand-Saïd, précise notre confrère.
Il semble que le pouvoir sent le besoin d’«enrichir» le paysage audiovisuel d’un nouvel outil de propagande pour donner l’impression de renouveau dans ce secteur caractérisé par l’anarchie et les dépassements en tout genre. Abdelmadjid Tebboune a lui-même avoué, lors de sa dernière sortie médiatique, que l’Etat faisait montre d’une grande permissivité à l’égard des chaînes privées en dépit des dérapages répétitifs et de la médiocrité de leurs programmes. Suivies par un grand nombre d’Algériens, ces chaînes doivent leur succès et leur audience aux reality shows qui encouragent le voyeurisme et le sadisme. Parmi ces émissions très prisées par les téléspectateurs, celles traitant de sorcellerie, de charlatanisme, de faits divers, de violence, de scandales, etc.
Paradoxalement, ces chaînes de télévision sont décriées par les citoyens qui les accusent de s’éloigner de l’éthique journalistique et de la déontologie. Vivement critiquées, vilipendées par les millions de manifestants du Hirak, elles ont, par ailleurs, été éclaboussées par des scandales financiers qui ont vu deux directeurs jetés en prison pour enrichissement illicite, chantage, extorsion de fonds et, plus généralement, collusion avec les milieux d’affaires, synonyme de corruption et de prévarication.
La nouvelle direction politique emboîte ainsi le pas à l’ancien cercle présidentiel qui, sous Bouteflika, avait mobilisé de gros financements pour créer une télévision dédiée à la campagne électorale pour le quatrième mandat, qui sera absorbée par une chaîne déjà existante appartenant à l’ex-président du FCE, Ali Haddad, Dzaïr TV en l’occurrence. Une autre chaîne était en préparation pour le cinquième mandat, mais les choses ne s’étant pas déroulées comme prévu, celle-ci n’a pas vu le jour. On ne sait pas si l’entreprise confiée à Slimane Bakhlili est liée à ce projet abandonné en cours de route ou s’il s’agit d’un nouveau. Par ailleurs, le journaliste Saïd Bensedira n’en a pas dit plus sur le financement de cette nouvelle chaîne, son appellation et sa date de lancement.
N. D.
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