OPA avortée : le géant pétrolier français Total perd un gros morceau en Algérie
Par Houari A. – La presse française a révélé que le groupe pétrolier français Total ne pourra pas acheter les actifs du géant américain Anadarko en Algérie. «Total a été informé par Occidental qu’il ne pourrait pas acquérir les actifs pétroliers et gaziers d’Anadarko en Algérie», a affirmé Patrick Pouyanné, président-directeur général de Total. «Occidental nous a officiellement dit que nous ne pourrions pas acquérir les actifs en Algérie», a-t-il précisé lors d’une conférence téléphonique avec des analystes après la publication des résultats trimestriels du groupe, rapportent les médias français.
Pour rappel, Total avait conclu en mai 2019 un accord avec l’américain Occidental Petroleum en vue du rachat pour 8,8 milliards de dollars (8,1 milliards d’euros) des actifs pétroliers et gaziers d’Anadarko en Algérie et dans d’autres pays africains dans le cadre d’une OPA d’Occidental Petroleum sur Anadarko. Mais l’Algérie avait refusé cet accord et annoncé que la compagnie nationale Sonatrach allait exercer son droit de préemption sur les actifs d’Anadarko.
La France avait considéré l’affaire du groupe Total comme un «acte algérien hostile». Les médias français avaient estimé que la décision algérienne «ravive les tensions» entre Alger et Paris dans cette «bataille à coups de milliards de dollars». Pour les commentateurs français, les raisons de ce «blocage» sont «très politiques». «Certains clans veulent détourner la contestation en cours, en désignant la France comme responsable de tous les maux du pays. D’autant que le groupe pétrolier français est présent sur le sol algérien depuis des années», avait écrit France Info qui ne désespérait pas de voir «Alger adoucir sa position, comme l’a laissé entendre, le 27 mai, le ministre algérien de l’Energie», Mohamed Arkab, qui avait affirmé que Sonatrach «cherchera un bon compromis».
La France, qui voit ainsi un gros morceau lui filer entre les doigts – 260 000 barils par jour, soit le quart de la production journalière –, lie cette affaire éminemment économique à la situation politique qui prévaut dans le pays depuis le 22 février dernier. En évoquant les «clans», les médias français faisaient certainement allusion à l’institution militaire que Paris semblait voir comme un potentiel écueil dans ses calculs stratégiques en Algérie. Pourtant, l’affaire du blé russe avait déjà créé un malaise entre l’Algérie et la France bien avant la chute du régime Bouteflika.
La panique s’était, en effet, emparée des Français à l’annonce, début octobre 2018, de la décision prise par Alger d’ouvrir son marché national de blé dur à la Russie. Le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, Jean-Baptiste Lemoyne, avait alors demandé à l’agence Business France, qui assure la promotion de groupes français sur les marchés mondiaux, de préparer une visite d’exportateurs français en Algérie.
Aux dernières nouvelles, c’est la major américaine Anadarko qui reprendra son marché en Algérie après être parvenue à un accord avec Sonatrach.
H. A.
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