Le Parti des travailleurs critique l’avant-projet de révision constitutionnelle
Par Mounir Serraï – Le Parti des travailleurs (PT) ne décèle aucunement dans l’avant-projet de révision de la Constitution une volonté de répondre favorablement aux aspirations d’une Algérie démocratique exprimées par les Algériens à la faveur du Mouvement populaire du 22 février.
Dans une déclaration à l’issue de la réunion de son secrétariat national, le PT se demande «comment donner du crédit aux intentions démocratiques des rédacteurs de l’avant-projet de révision constitutionnelle lorsqu’en plus de cet état de fait ce gouvernement fait adopter, dans une procédure d’urgence empêchant le débat libre, des amendements liberticides et répressifs au Code pénal, criminalisant tout acte ou expression démocratique critique ou opposé à l’orientation politique du régime en place».
Ce parti estime que le contournement de «la volonté du peuple d’exercer pleinement sa souveraineté a pour objectif clair, à savoir le maintien du régime issu du système de parti unique contre lequel s’est soulevée l’écrasante majorité du peuple le 22 février 2019».
Pour le PT, cet avant-projet de révision constitutionnelle est truffé de contradictions. Il s’agit, selon ce parti, de «réformettes qui, en aucun cas, ne modifient la nature présidentialiste foncièrement antidémocratique, du régime qui se trouve renforcé par de nouvelles prérogatives au profit du président de la République».
Poursuivant sa critique, le PT affirme que l’indépendance de la justice, pierre angulaire dans toute démocratie, «n’est pas plus consacrée du fait, entre autres, des énormes prérogatives du président de la République, toujours président du Conseil supérieur de la magistrature».
ANP et maintien de la paix
Le PT qualifie, par ailleurs, de «dérive» «la proposition de constitutionnalisation de la participation de troupes de l’Armée nationale populaire dans des opérations de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU».
«Nous sommes face à une rupture claire avec les objectifs de la Révolution algérienne et qui ont imprimé, depuis l’indépendance nationale, la politique de l’Etat algérien en matière de sécurité et de diplomatie. Une politique consacrant la souveraineté de l’Etat, la non-ingérence dans les affaires des autres pays et la recherche de la paix dans le monde à travers une politique jamais agressive», souligne le PT qui rappelle dans ce sillage que «depuis des décennies, l’administration américaine cherche à imposer des bases militaires, Africom, dans notre pays mais aussi la participation de notre pays à travers le budget de l’Etat à l’effort de ses sales guerres, à utiliser les soldats d’autres pays, dont le nôtre, comme chair à canon pour réduire les pertes en vies humaines des soldats américains».
«Est-il besoin, en outre, de rappeler que les pays dont les armées ont participé à des opérations militaires contre d’autres pays ont été particulièrement ciblés par le terrorisme international, qu’il s’agisse des grandes puissances qui ont pris les décisions ou les pays qui y ont participé», prévient le PT pour lequel l’introduction d’une telle «proposition gravissime que seules les grandes puissances applaudiraient car répondant à leurs exigences, explique le choix du moment pour relancer le projet de révision constitutionnelle, à savoir la période de confinement».
Tamazight et LFC
Le PT défend, en revanche, l’immuabilité du statut de langue officielle donné à tamazight dans cet avant-projet de révision constitutionnelle. Ce parti précise dans ce sillage que la reconnaissance constitutionnelle de tamazight comme langue nationale en 2002 puis officielle en 2016 est l’aboutissement d’un long combat populaire et militant, consolidant l’unité du peuple et de la nation algériens. «Le mouvement révolutionnaire du 22 févier a soudé davantage cette unité et a montré combien le peuple algérien, sur tout le territoire national, est fier de cette reconnaissance, attaché à sa dimension amazighe, élément constitutif de son identité nationale et ciment de son unité et de la fraternité entre ses deux composantes linguistiques», a relevé le PT qui critique, par ailleurs, le projet de loi de finances complémentaire.
Un projet de loi, estime le PT, qui «consacre une régression violente en matière de souveraineté économique de l’Etat par, notamment, l’abandon du droit de préemption de l’Etat, l’abandon de la règle 51/49, réservée désormais à un vague secteur stratégique».
M. S.
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