Le RCD dénonce «le populisme, l’improvisation et la fuite en avant» du pouvoir
Par Mounir Serraï – Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) met en garde contre l’exacerbation des tensions sociales qui vont s’ajouter à une crise politique majeure. Dans un communiqué sanctionnant la réunion de son secrétariat national, le parti de Mohcine Belabbès, qui critique vertement la démarche du pouvoir pour la révision de la Constitution, souligne qu’en plus du «rétrécissement du champ des libertés fondamentales», le pouvoir excelle dans «le populisme, l’improvisation et la fuite en avant».
«Ainsi, estime ce parti de l’opposition, pour faire face au problème de manque de ressources financières à cause, essentiellement, de la chute drastique du cours des hydrocarbures, on divise par deux les dépenses de fonctionnement». «Question : dans quels secteurs ces coupes budgétaires seront-elles opérées au moment où les dépenses de santé, des collectivités locales et de solidarité en direction de millions de précarisés sont appelées à augmenter ?» se demande le RCD qui dénonce, en outre, «la décision de mettre fin purement et simplement à l’année scolaire et universitaire alors que, comme partout dans le monde, il s’agit de rechercher des solutions moins expéditives pour sauvegarder l’intérêt des élèves et des étudiants ainsi que du fonctionnement futur du secteur».
Cette décision, considère le RCD, «ne peut s’expliquer sans prendre en compte l’attrait du gain financier immédiat qu’elle constitue. Plus que jamais, tout est tourné vers l’urgence dans une irresponsabilité politique totale dont les conséquences sont déjà funestes». «Cette logique comptable suicidaire est de mise partout. Au niveau de l’entreprise Sonatrach, une note datée du 12 avril dernier indique que la révision du budget 2020 se traduira pour la seule activité forage par des compressions d’effectifs dans les filiales (ENTP, ENAFOR ENSP, BJSP, MIA, BASP, HESP). L’impact de cette réduction du plan de charge sur les sociétés de gardiennage et de catering «pourrait atteindre le licenciement de 5 200 agents pour 2020», affirme encore le RCD qui s’interroge sur le sort des milliers de travailleurs mis à la porte du fait d’une brutale décision de mettre fin au montage dans plusieurs branches industrielles et les mises à l’arrêt d’entreprises faute d’intrants. Le RCD prévient ainsi contre une véritable explosion sociale. Car, souligne-t-il, «ce n’est pas la ridicule révision du SNMG qui pourra convaincre les millions de citoyens jetés dans le chômage et la précarité de faire confiance à un pouvoir préoccupé par sa seule survie».
«A tout cela s’ajoute l’instauration d’un climat de règlement de comptes factionnels pour le contrôle des appareils de répression politique et sociale. C’est dans cette atmosphère, pour le moins surréaliste, que les parrains du système publient les triturations qu’ils comptent introduire dans la Constitution pour tenter de sauver le système en place», regrette le RCD qui condamne «l’autoritarisme et le mépris des tenants du pouvoir envers les populations».
Ce parti affirme qu’il «ne saurait s’inscrire dans une démarche qui tourne le dos à la souveraineté du peuple et à son droit inaliénable de refonder son Etat et de se donner les institutions de son choix».
M. S.
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