Le stratagème de Rabat pour se sortir du bourbier dans lequel l’a mis son consul
Par Karim B. – Les médias marocains se sont empressés d’annoncer l’appel téléphonique passé par le ministre marocain des Affaires étrangères à son homologue algérien dans le sillage de l’affaire du consul général du Maroc à Oran qui a traité l’Algérie de «pays ennemi», créant ainsi un véritable malaise et mettant son pays dans une situation délicate.
La teneur de cet entretien n’a pas été révélée ni d’un côté ni de l’autre. Mais des sources proches du dossier ont indiqué à Algeriepatriotique que le Makhzen cherchait une «issue de secours» par laquelle il ne perdrait pas trop la face. «Le chef de la diplomatie marocaine a certainement dû chanter le refrain du bon voisinage et des relations fraternelles», assurent nos sources, selon lesquelles «ce n’est sûrement pas de gaieté de cœur que Nasser Bourita a pris le téléphone pour évoquer cette question avec son interlocuteur algérien à qui il a vraisemblablement annoncé le rappel imminent du consul du Maroc à Oran dans le cadre d’un mouvement ordinaire qui servirait de camouflage aux autorités marocaines».
Toujours selon nos sources, l’enquête annoncée par Rabat sur cette affaire est une «supercherie», pour la simple raison qu’il n’y a pas d’investigation qui tienne du côté marocain. «Le ministre marocain des Affaires étrangères a une seule question à poser au consul impolitique : a-t-il oui non tenu les propos entendus sur la vidéo ?» estiment nos sources, qui font remarquer que l’attitude du Makhzen qui consiste à faire douter de la véracité de l’enregistrement en s’appuyant sur le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, lequel affirme attendre que les faits soient établis, «est une vaine tentative de gagner du temps en attendant de trouver un exutoire qui ne ruine pas la réputation du Makhzen devant l’ennemi de l’Est».
Les médias marocains pro-Makhzen préparent déjà le terrain en soulignant que «ce genre d’affaires ne se règle pas sur les réseaux sociaux, mais entre responsables dûment mandatés» et en arguant qu’«avec les deux chefs de la diplomatie qui se saisissent de l’affaire, tout semble indiquer que le dossier est pris en charge». Après tout, déduisent ces médias, «même si les propos attribués au consul marocain à Oran seraient véridiques, les marques d’animosité des officiels et des militaires algériens à l’encontre du royaume sont bien pires». Une façon de minimiser la gravité des propos de l’officiel marocain.
Ce que Nasser Bourita a dû dire à son homologue est déjà «révélé» indirectement dans ces médias, lorsqu’ils assurent que les propos «prêtés» au consul sur la vidéo dont ils affirment avec une suspecte conviction qu’elle a été «retravaillée», «[vont] à l’encontre des fondements essentiels des relations du royaume du Maroc avec l’Algérie». Des relations, insistent-ils, «fondées sur la fraternité et le bon voisinage».
Bon voisinage ou pas, côté algérien, la réponse est claire : soit le Maroc rappelle son consul général à Oran, soit il sera expulsé manu militari. Un ultimatum a sans doute été fixé aux autorités marocaines pour ce faire.
K. B.
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