Maroc et Libye larguent les belliqueux Emirats : l’Algérie suivra-t-elle ?
Par Kamel M. – Le régime des Al-Nahyane s’affiche de plus en plus comme une menace pour la stabilité dans la région du Maghreb qu’il tente d’occuper de façon insidieuse ici, ouverte là. Selon des sources médiatiques, le Maroc vient de rappeler son ambassadeur à Abu Dhabi, alors que les Emirats arabes unis «n’ont plus d’ambassadeur à Rabat depuis plus d’un an», selon d’autres sources qui précisent que la représentation des Emirats à Rabat «a été gérée, ces derniers mois, par un simple cadre administratif chargé des affaires consulaires».
La guerre froide entre le Maroc et les Emirats serait due au positionnement de Rabat aux côtés de la Turquie et du Qatar dans le dossier libyen, bien que les autorités marocaines affirment qu’elles se tiennent à équidistance des belligérants dans ce pays voisin. Et, justement, le Gouvernement d’alliance nationale dirigé par Fayez Al-Sarraj vient, à son tour, de décider de la rupture des relations diplomatiques avec les Emirats, accusés de fournir des armes et des mercenaires à leur homme-lige, Khalifa Haftar, qui a violé l’accord de cessez-le-feu, et qui continuent, de l’aveu même du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, d’alimenter la guerre en Libye où des centaines d’hommes sont recrutés au Soudan et en Syrie pour tenter d’occuper Tripoli.
Un membre du Conseil présidentiel du Gouvernement d’alliance nationale, Mohamed Al-Amari, qui vient de lancer un appel à rompre toute relation avec Abu Dhabi, explique son exhortation par «l’implication prouvée des Emirats arabes unis dans l’effusion du sang libyen et la violation de la souveraineté de la Libye en occupant une partie de ses terres, en y installant une base militaire, en pénétrant l’espace aérien libyen et en procédant à des raids aériens dans le but de tuer des citoyens libyens». Le député dénonce également une «tentative de coup d’Etat» et un «soutien politique, financier et médiatique» fourni par les Emiratis à l’homme fort de l’Est libyen.
Le gouvernement libyen est interpellé pour qu’il tienne une session extraordinaire «urgente» pour «voter une résolution stipulant la rupture des relations avec cet Etat belliciste» et le considérer comme un «pays hostile» et une «puissance agressante».
En Algérie, l’emprise des Emiratis sur l’ancien chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd-Salah, et leur collusion suspecte avec le régime de Bouteflika sautaient aux yeux, tant et si bien que les millions de citoyens, qui battaient le pavé depuis le 22 février 2019 pour réclamer le changement de régime, fustigeaient le régime d’Abu Dhabi qu’ils accusaient de s’ingérer de façon flagrante dans les affaires internes de l’Algérie et de voler au secours du pouvoir en place contre la révolution en cours.
Par ailleurs, la présence émiratie en Algérie, via des investissements douteux, fait dire à de nombreux observateurs que les Emirats cherchent à avoir la haute main sur le commerce extérieur de l’Algérie en faisant de la gestion monopolistique des ports – aussi bien en Algérie que dans de nombreux autres pays – un moyen de pression économique et politique. Des projets lancés par des hommes d’affaires émiratis proches de la famille régnante sont à l’arrêt, provoquant des pertes qui se chiffrent en milliards, sans que l’Etat ait réclamé leur achèvement.
Les nouveaux décideurs auront-ils le courage de rappeler les Al-Nahyane à l’ordre ?
K. M.
Comment (66)