Le MSP veut criminaliser l’usage du français dans les institutions officielles
Par Mounir Serraï – Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), présidé par l’islamiste Abderrezak Mokri, très proche de l’AKP d’Erdogan, veut criminaliser l’usage de la langue française dans les institutions et les documents officiels. C’est du moins l’une de ses propositions phares relatives à la mouture de la révision constitutionnelle. Ainsi donc, pour ce pendant de la confrérie des Frères musulmans, le problème de démocratie en Algérie sera réglé en supprimant tout usage de la langue française dans les institutions officielles, comme si le sous-développement dans lequel baigne le pays est dû aux adeptes de la langue de Voltaire.
Une «trouvaille» donc de ce parti qui a excellé dans le «larbinisme» depuis sa création. En effet, le MSP a soutenu Bouteflika depuis son arrivée au pouvoir en 1999 jusqu’à sa chute en 2019. C’est ce même Abderrezak Mokri qui a soutenu indirectement le 4e mandat en optant pour un boycott massif. C’est lui-même qui a plaidé en 2018 pour le rallongement du même quatrième mandat, démarchant ainsi au profit du frère du Président déchu qui voulait reporter la présidentielle de 2019 au nom de l’urgence d’une révision constitutionnelle.
Entretenant une grande proximité avec le pouvoir, Abderrezak Mokri, dont la fille étudie en langue française dans une université canadienne, cherche, selon toute vraisemblance, à provoquer un faux débat sur un sujet qui ne concerne nullement une Loi fondamentale pour, visiblement, faire passer son prochain appui à la révision constitutionnelle. Son objectif est de susciter un débat périphérique pour voiler les questions essentielles, celles des équilibres du pouvoir, de l’indépendance de la justice, de la consécration totale et effective de toutes les libertés individuelles et collectives… Sinon, pourquoi cherche-t-il à criminaliser l’usage d’une langue qui est d’ailleurs très peu utilisée après plus de 50 ans d’arabisation acharnée ?
M. S.
Comment (124)