L’ex-ministre Benouari : «1 000 milliards de dollars ont fini dans les toilettes !»
Par Houari A. – C’est en des termes crus, teintés d’une grande amertume et d’un profond dégoût qu’Ali Benouari a décrit la situation catastrophique dans laquelle se trouve l’Algérie, près de soixante ans après son indépendance. «Mille milliards de dollars sont partis dans les toilettes», a-t-il regretté dans un entretien qu’il a accordé à la chaîne Al-Magharibia.
L’ancien ministre du Trésor dans le gouvernement de Sid-Ahmed Ghozali a rappelé l’état dans lequel se trouvait le pays lorsqu’il avait été appelé à la rescousse comme conseiller auprès du ministre des Finances de l’époque. «Les caisses étaient tellement vides que nous n’avions même pas de quoi importer du blé ou de payer nos diplomates», a-t-il dit, en affirmant qu’il avait été chargé par le Premier ministre d’aller «faire la manche» en Europe et dans le Golfe. «Quand j’ai rencontré Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, il m’avait fait part de sa sympathie pour l’Algérie et m’avait informé que l’Italie, l’Espagne et le Portugal étaient disposés à nous aider, mais que l’Allemagne et la Hollande s’y opposaient». L’ancien ministre s’est alors rendu dans ces deux pays pour tenter de les convaincre de revenir sur leur décision.
Ali Benouari a notamment dénoncé l’attitude du gouvernement français sous la houlette du président socialiste François Mitterrand, qui avait pris les Algériens de haut en voulant imposer ses conditions suite à une demande formulée par l’Algérie. «Pierre Bérégovoy nous avait répondu que la France ne pouvait pas nous octroyer le million et demi de francs français que nous avions demandé sous forme de prêt mais en tant que crédit pour l’achat de blé, de véhicules Renault et autres produits fabriqués en France», a fait savoir le candidat à la présidentielle de 2014 qui a répondu au ministre français, non sans ironie, que la France ne pouvait pas «faire moins que la Belgique et le Koweït».
Ali Benouari a, par ailleurs, estimé que les présidents successifs qui ont dirigé l’Algérie ont tous fait mieux qu’Abdelaziz Bouteflika qui a dilapidé l’argent du pétrole dans l’achat de la paix sociale et dans des projets farfelus, à commencer par l’autoroute Est-Ouest qui n’en est pas une et qu’il a qualifiée d’«autoroute de la mort». «Ben Bella, Boumediene, Chadli et tous les autres chefs d’Etat qui l’ont précédé avaient moins de moyens et ils ont pourtant été à l’origine de réalisations qu’il n’a pas pu accomplir en vingt ans de règne malgré un baril de pétrole à 140 dollars», a-t-il déploré.
H. A.
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