Attaques des médias français : une réponse implicite à l’affaire Drareni ?
Par Nabil D. – Que ce soit lors du documentaire de France 5 qui a soulevé un tollé général en Algérie ou dans les articles de la presse française au lendemain de la décision de l’Algérie de rappeler son ambassadeur à Paris, un nom revient avec persistance. Celui de Khaled Drareni, correspondant de TV5 Monde et de Reporters sans frontières (RSF), détenu à la prison de Koléa pour des chefs d’accusation fallacieux, comme pour l’ensemble des militants du Hirak et des journalistes illégalement emprisonnés sur ordre des services de sécurité.
Khaled Drareni est le point focal dans ces reportages et ces articles, et l’ensemble des médias français y font référence, comme s’ils obéissaient à un ordre émanant d’une seule et même source. La réaction de la France était attendue, notamment après l’accusation lancée par Abdelmadjid Tebboune contre le journaliste, lors de sa dernière intervention télévisée, allant jusqu’à le qualifier de «mouchard» pour le compte de l’ambassade de France à Alger.
L’absence de réaction officielle suite à cette arrestation et après le refus de l’Algérie d’autoriser le groupe pétrolier français Total de racheter les actifs de l’américain Anadarko, qui représentent 30% des gisements pétroliers en Algérie, laissaient présager une riposte indirecte via les médias dominants qui présentent la particularité de s’aligner en rangs serrés derrière l’Elysée et le Quai d’Orsay, quelle que soit leur politique étrangère. On l’a vu en Libye, en Syrie et au Sahel.
Les médias français, selon lesquels cette nouvelle passe d’armes est symptomatique de «tensions récurrentes» entre Alger et Paris et «illustre une énième fois la nature volatile des relations entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale», esquissent une réponse aux autorités algérienne sous forme de rappel de la déclaration de l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, qui signifiait à ses interlocuteurs, après l’affaire des accusations proférées par un intervenant sur la chaîne France 24 contre le commandement de l’armée, que «l’ensemble des organes de presse jouissent d’une totale indépendance rédactionnelle en France, protégée par la loi».
Les mêmes médias bifurquent, ensuite, sur la «répression continue» qui «continue à s’abattre sur des opposants, des journalistes et médias indépendants ainsi que des internautes», en soulignant que «la justice algérienne a refusé la demande de liberté provisoire du journaliste Khaled Drareni, en détention depuis fin mars et devenu symbole du combat pour la liberté de la presse». «Le gouvernement algérien a bloqué ces dernières semaines plusieurs sites d’information en-ligne», insistent-ils, allusion plus particulièrement à un site, en feignant ignorer que le premier journal électronique à avoir été censuré – et qui l’est toujours, du reste – est Algeriepatriotique, voilà près d’un an. Preuve que la censure en tant que telle n’est pas la préoccupation essentielle de la presse française et que celle-ci (la censure) ne devient condamnable que lorsqu’elle touche une catégorie précise de journaux et de journalistes.
N. D.
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