Les intervenants dans le reportage de France 5 accusent le réalisateur
Par Mohamed K. – Nous nous interrogions dans un précédent article si l’imposteur de Canal+ Jean-Baptiste Rivoire avait fait des émules dans le magma audiovisuel français, et la réponse est venue des intervenants lors du reportage sur le Hirak diffusé ce mardi sur France 5. En effet, deux des jeunes qui ont été interviewés par Mustapha Kessous accusent ce dernier d’avoir manipulé leurs propos en procédant à des montages qui ont sorti leurs propos de leur contexte ou les ont montrés dans l’habit de représentants de l’ensemble de la jeunesse algérienne.
En somme, deux des cinq jeunes qui se sont exprimés durant le documentaire intitulé «Algérie mon amour» ont réagi sur les réseaux sociaux suite aux nombreuses critiques et menaces qui leur sont parvenues après la diffusion du film qui a choqué les Algériens et poussé les autorités politiques à rappeler l’ambassadeur d’Algérie à Paris pour «consultations». Selon des sources diplomatiques, la décision d’Alger vise surtout à montrer le mécontentement de l’Algérie au vu de la récurrence des sujets jugés hostiles envers le pays et son armée diffusés par des chaînes de télévision relevant du secteur public, donc engageant la responsabilité directe des autorités françaises.
Ce n’est pas la première fois que des journalistes indélicats fabriquent des reportages à partir de faux témoignages ou de montages qui déforment les propos des personnes interviewées. Le mensonge est une pratique habituelle chez certains médias peu scrupuleux. On se rappelle, dans les années 1990, alors que le terrorisme faisait rage, Canal+ réalisait un reportage en Algérie et faisait parler un repenti censé avoir fait partie des groupes islamistes armés. Or, il se trouve que le «terroriste» en question n’était autre que l’appariteur farfelu d’un quotidien qui avait pignon sur rue à Hussein Dey, lequel appariteur habitait un immeuble situé sur un trottoir d’en face.
Près de trente ans plus tard, les médias français reprennent les mêmes recettes et répandent les mêmes clichés, avec les mêmes techniques de tournage, les mêmes musiques de fond, les mêmes images et les mêmes trucages. Le réalisateur du reportage diffusé sur France 5 a mis la vie de plusieurs jeunes Algériens en danger, bien qu’il ait admis, lui-même, dans le débat qui a suivi la diffusion du documentaire, que s’exposer ainsi dans le contexte algérien actuel était très risqué, non seulement à cause du régime policier instauré par Gaïd-Salah et qui est toujours en vigueur, mais aussi, et surtout, en raison des menaces dont ont été victimes les jeunes qui ont montré de façon ostentatoire et assumée leur penchant pour le mouvement gothique excentrique et ses rituels méphistophéliques.
France 5, coupable de mise en danger d’autrui, assumera la responsabilité pleine et entière au cas où un malheur devait arriver à ces jeunes désormais obligés de vivre reclus pour se prémunir de probables agressions verbales ou physiques.
M. K.
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