Ce signe qui marque la fin de l’emprise d’El-Mouradia sur la politique étrangère
Par Nabil D. – Fini le temps où le président de la République considérait que la politique étrangère de l’Algérie était sa chasse gardée. La réunion qui se tiendra lundi prochain au siège de l’APN en présence du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, et du secrétaire d’Etat chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Rachid Bladehane, s’inscrit dans une nouvelle approche qui s’ajoute à la séparation des fonctions politique de vice-ministre de la Défense et militaire de chef d’état-major de l’armée, en vogue sous le règne du binôme Bouteflika-Gaïd-Salah.
Abdelmadjid Tebboune lâche du lest et délègue les prérogatives aux institutions qui en ont été privées durant vingt ans. Abdelaziz Bouteflika a énormément gêné l’action diplomatique des ministres des Affaires étrangères qui se sont succédé à la tête de ce département depuis 1999, notamment ceux issus du corps diplomatique, après que le Président déchu eut décidé, enfin, que la fonction revînt aux gens de métier, sans, cependant, que cela ait changé quoi que ce soit dans sa perception du rôle de la diplomatie longtemps reléguée au rang de voie de garage pour d’anciens ministres qui ont gravement porté atteinte à l’image de marque du pays par leur incompétence et leur inaction.
Cette réunion est décrite comme étant «assez inédite» en Algérie, par des sources informées, alors que c’est une pratique ordinaire dans toutes les démocraties à travers le monde. «Du temps de Bouteflika, ce dernier estimait qu’il était la seule autorité constitutionnelle habilitée à orienter les actions de la politique étrangère et à en fixer les axes», soulignent ces sources qui confient que les ministres des Affaires étrangères évitaient de participer à ce genre de réunions [avec le Parlement], ce qui pouvait irriter le président-roi.
Officiellement, des questions d’actualité – notamment l’affaire du reportage très critiqué de France 5, la Libye, le Sahel, la Palestine, etc. – seront abordées lors de cette rencontre, quand bien même le Parlement, héritage du règne de Bouteflika, fait figure de vestige de l’ancien régime. La démarche semble donc moins motivée par quelque nécessaire échange avec des députés impopulaires que par une volonté de tracer les contours du futur système de gouvernance décentralisé, dans lequel la nouvelle Constitution en cours d’amendement est censée retirer des attributions jusque-là apanage du président de la République et répartir la décision de façon plus équilibrée sur l’ensemble des institutions de l’Etat.
N. D.
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