Les affidés d’Eric Zemmour s’acharnent contre le «bougnoule» Guy Bedos
Par Abdelkader S. – «Je suis un bougnoule», aimait à répéter de son vivant l’humoriste français Guy Bedos, décédé ce jeudi à l’âge de 85 ans. C’est cette fidélité à ses origines algériennes et sa lutte permanente auprès des couches défavorisées que semble lui reprocher l’extrême-droite qui est montée au créneau au lendemain de sa disparition pour rappeler les attaques d’Eric Zemmour contre celui qui ne cachait pas son aversion pour cette obédience et ceux qui la portent.
«Ce n’est pas parce qu’on est mort qu’on devient subitement un saint exempt de tout défaut. Cette manie aussi qu’on a de faire des gens disparus des petits anges absolus et universels. Bedos, c’est celui qui a dit qu’ils crèvent en citant les journalistes de Charlie Hebdo», lit-on dans un média français qui sert de tribune pour les nostalgiques de l’Algérie française. L’auteur de cette diatribe dégaine diantrement des philippiques de l’inénarrable Eric Zemmour : «Je pense qu’il a un peu mal vieilli, la vieillesse est un naufrage comme disait le général De Gaulle.» Ou encore : «Bon, il a le droit d’être de gauche mais il a fini un peu sectaire et c’est triste.»
Lequel des deux est sectaire ? serait-on tenté de s’interroger. Guy Bedos était du côté des opprimés, des laissés-pour-compte, des «bougnoules» dont il se proclamait fièrement, lui qui, regardant la mer, dans le sud de la France, rappelait à ceux qui auraient oublié qu’il venait de l’autre rive. En 1988, Guy Bedos prit son fils Nicolas, alors à peine âgé de neuf ans, pour se ressourcer sur la terre de ses aïeux. L’Algérien Bedos est attaqué post-mortem parce qu’il incarnait cette catégorie d’artistes qui, comme Roger Hanin, inhumé à Alger, ont refusé de renier leurs origines et ont choisi de se ranger du côté des causes justes, aux antipodes d’un Enrico Macias qui rêve de revoir Constantine tout en étant l’obligé du régime de Tel-Aviv malgré ses crimes ignobles en Palestine.
«Guy Bedos n’a jamais fait de cadeau aux autres, à ceux qu’il n’aimait pas, principalement pour leur orientation politique. Si on n’était pas de gauche, on était bon à jeter aux chiens. Malheureusement, son fils a pris le même défaut, voire encore plus agressif. Ce doit être les gènes ?» ironise le signataire de l’article au vitriol qui trahit un racisme vil, en s’accrochant encore à la manche du polémiste pro-sioniste : «Une fois de plus, Zemmour a raison (…), je ne vois donc pas du tout en quoi ses propos pourraient être choquants.»
Vivant, Guy Bedos aurait sans doute répondu avec des mots «pas très agréables», comme il avait l’habitude de le faire quand il disait le fond de sa pensée avec le confort de celui qui n’a jamais rien attendu de l’establishment politique et médiatique.
A. S.
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