Plainte contre France 5 et Mustapha Kessous pour mise en danger d’autrui ?
Par Houari A. – Algeriepatriotique s’interrogeait dans un précédent article sur les risques que Mustapha Kessous, le réalisateur du reportage controversé sur le Hirak, a fait courir aux intervenants qui ont témoigné à visage découvert alors qu’il a admis, lors du débat qui a suivi la diffusion du documentaire, qu’il a filmé de façon clandestine pour éviter d’être inquiété par le «maillage policier». La réponse à cette question est venue de l’agence officielle française AFP qui a indiqué que les personnes qui ont participé à ce reportage ont été interrogées par les services de sécurité. Ce qui était prévisible, au demeurant. Les intervenants, tous résidant en Algérie, ont, par ailleurs, été livrés à la vindicte populaire, des menaces ayant été proférées notamment à l’encontre du jeune Anis et des filles qui l’accompagnaient, accusés de «dépravation» et de «débauche».
Une plainte contre France 5 et le réalisateur Mustapha Kessous n’est pas à exclure, ont affirmé des militants des droits de l’Homme à Algeriepatriotique, en soulignant que ni la direction de la chaîne de télévision publique française ni le réalisateur ignorent la situation implexe qui règne en Algérie et les sensibilités qui caractérisent une société algérienne par trop conservatrice. «Ils étaient donc conscients des grands risques qu’ils faisaient encourir aux personnes interviewées ainsi qu’à tous les contacts qui les ont aidés à filmer les scènes dont n’ont été extraites que les parties qui les arrangeaient pour orienter le film documentaire dans le sens souhaité par la chaîne.»
Nos sources sont sceptiques quant à une supposée volonté du réalisateur de donner à son reportage une déclinaison politique précise. «C’est une question d’argent, ni plus ni moins», insistent ces dernières, qui rappellent que ce genre de «commandes» est très lucratif. «L’Algérie avait cessé d’intéresser les médias étrangers après la fin des années de sang, mais l’irruption du soulèvement populaire en février 2019 a de nouveau aiguisé les appétits et le pays est redevenu une mine d’or pour les journalistes en quête de sensationnel», expliquent nos sources qui jugent la réaction officielle de l’Algérie «incongrue». «L’Algérie n’aurait pas dû faire de ce reportage une affaire d’Etat», notent-elles, en arguant qu’en rappelant notre ambassadeur à Paris les responsables politiques «ont, quelque part, fait montre d’une fébrilité qui trahit une excitabilité synonyme de manque de confiance en soi».
Que va-t-il advenir des cinq jeunes qui ont pris sur eux de s’exprimer sans complexe dans un reportage que le réalisateur et la télévision qui l’a diffusé à une heure de grande écoute ont façonné de sorte à réduire le Hirak à une quête d’hédonisme ?
H. A.
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