Pourquoi Abdelmadjid Tebboune et Abdelaziz Djerad se démarquent du FLN
Par Nabil D. – La sortie du porte-parole de la présidence de la République n’est pas fortuite. Si Belaïd Mohand-Saïd a jugé impératif d’affirmer que ni le chef de l’Etat ni le Premier ministre ne sont affiliés au FLN [et au RND], c’est que le scandale qui vient de secouer l’ancien parti unique risque de provoquer une grave crise dans les jours et les semaines à venir.
Les révélations sur les accointances du nouveau secrétaire général du FLN, Abou Al-Fadl Baadji, avec le Makhzen ont eu l’effet d’une bombe. Il est difficile pour les Algériens – quand bien même ils voient dans ce parti du pouvoir le symbole de la rapine et de l’archaïsme – d’admettre que le régime marocain ait pu s’incruster aussi profondément dans les rouages de l’Etat. Car le fait que le patron d’une formation politique nationale, fût-elle abhorrée par la majorité, soit le beau-père d’un officier de l’armée marocaine renseigne sur l’état de déliquescence dans lequel se trouve le pays.
C’est cette raison qui a poussé le président Tebboune à instruire son porte-parole d’informer l’opinion publique que, contrairement à son prédécesseur qui en était le «président d’honneur», il s’en lave les mains et ne se considère ni membre ni proche de ce parti qui a, pendant vingt ans, servi de pilier pour le régime de Bouteflika, avec son frère-ennemi, le RND, qui vient, lui aussi, et dans une étrange synchronie, de désigner son nouveau secrétaire général, Tayeb Zitouni.
Or, il se trouve que le FLN et le RND sont tous les deux éclaboussés par des esclandres. Le FLN depuis la cooptation d’un fidèle lieutenant de l’inénarrable Amar Saïdani avec lequel il serait lié par des intérêts au Maroc, et le RND à travers le successeur provisoire d’Ahmed Ouyahia et candidat malheureux à la présidentielle controversée du 12 décembre, cité dans des affaires liées à sa gestion lors de son passage au ministère de la Culture et considéré comme le «poulain» de l’ancien directeur de la Sécurité intérieure (DGSI), le général Wassini Bouazza, incarcéré à la prison militaire de Blida.
Des raisons suffisantes pour que le président de la République et le Premier ministre déclarent ouvertement leur divorce d’avec ces deux «alliés» d’hier devenus de véritables anthracites sous lesquels couve un feu étouffé.
N. D.
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