La Coordination des universitaires algériens dénonce un «pouvoir despotique»
Par Mounir Serraï – La Coordination nationale des universitaires algériens pour le changement (Cnuac) s’élève contre ce qu’elle qualifie de «pouvoir despotique» qui refuse d’aller vers un véritable changement politique.
Dans une déclaration dans laquelle elle s’interroge quant à la réalisation du changement tant réclamé et voulu par le mouvement du 22 Février, la Cnuac estime que «la source de la crise politique est ce pouvoir despotique qui refuse, comme l’exige le peuple algérien à travers le Hirak, d’aller vers une transition démocratique, permettant de réhabiliter l’Etat de droit et l’avènement des réformes économiques, sociales et culturelles».
«C’est dans cette alternative de rupture d’avec le système que se trouve la solution politique à la crise», affirme cette Coordination, selon laquelle le constat est irréversible, il n’intéresse pas le pouvoir de faire de l’université algérienne une institution digne de ce nom. Dénonçant la situation dans laquelle se trouve l’université, cette Coordination considère que la crise est profonde et nécessite une solution consensuelle.
La Cnuac lance dans ce sillage «un appel solennel à la communauté universitaire pour se mobiliser». «Leur mobilisation vise à s’approprier leur université pour en constituer un cadre de débats d’idées et de propositions, à même de garantir et de promouvoir la liberté de penser, de produire le savoir et de rejeter toute forme d’allégeance et de compromission à un système qui persiste à ignorer les aspirations exprimées par le peuple algérien», souligne cette organisation qui revient sur les mesures prises durant cette crise sanitaire.
«Les décideurs politiques ont opté pour le télé-enseignement et l’utilisation des plateformes numériques. C’est un choix qui a été aussi celui de beaucoup d’universités à travers le monde. Cette démarche n’a pas suscité l’engouement attendu de la communauté universitaire car, au-delà des nombreuses contraintes objectives, elle est l’expression de la vision unilatérale d’une administration, en décalage avec la réalité de l’université algérienne. Une université gérée à coup d’instructions et d’arrêtés contradictoires, sans concertation, aucune, avec les principaux acteurs de l’université, à savoir les enseignants et étudiants.»
La Cnuac poursuit en soulignant que «le télé-enseignement ne pourra être, tout au plus, qu’un moyen complémentaire pour maintenir une activité pédagogique et ne pourra, en aucun cas, être sanctionné par une évaluation des étudiants(es) comme suggéré par la tutelle». «Le faire serait une atteinte grave à l’éthique et à la déontologie universitaires. Songer à remplacer l’enseignement en présentiel par le télé-enseignement est un pas que même les pays qui l’ont initié n’ont pas encore franchi, y compris dans ce contexte de crise sanitaire mondiale. Par conséquent, la validation du deuxième semestre ne pourra être envisagée qu’après une mise à niveau de l’ensemble des étudiants en présentiel», ajoute cette Coordination qui dit refuser de «cautionner une mesure qui vise principalement à obtenir un effet d’annonce». «Une mesure qui s’inscrit dans le processus d’idéologisation de l’université au détriment du savoir», précise encore cette Coordination pour laquelle «l’administration a encore eu recours à des injonctions, ignorant délibérément les enseignants et les étudiants. Or, sans leur adhésion et leur participation, rien n’est vraiment possible.»
La Cnuac revendique ainsi «l’implication des enseignants et des étudiants dans les décisions pédagogiques». Car elle considère qu’elles relèvent des seules prérogatives des comités pédagogiques, des comités scientifiques et des équipes formatrices. «Une décentralisation et un fonctionnement démocratique de l’université s’imposent, aujourd’hui», estime cette Coordination qui estime que l’université algérienne «ne peut continuer d’être en décalage avec le champ du possible ouvert par le Hirak».
«La priorité aujourd’hui devrait être la préparation, en concertation avec les vrais acteurs de l’université, de l’inévitable phase de déconfinement pour accueillir les étudiants, les enseignants et les personnels de soutien dans les meilleures conditions sanitaires possibles, et de leur assurer toutes les protections nécessaires pendant toute la durée de cette phase», ajoute cette Coordination.
M. S.
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