L’élégance de la victime, la vulgarité du chien de garde

manifestation Adama Traoré
Manifestation à la mémoire du jeune Georges Floyd à Washington. D. R.

Par Ali Akika – Un événement qui a failli être enterré s’est déroulé il y a quatre ans et s’est soldé par la mort par asphyxie d’un jeune homme, Adama Traoré. L’intervention tenace de sa sœur joliment nommée Antigone par une grande écrivaine française (1) a dit stop à un déni du droit à la justice. Fin mai 2020, à l’autre bout du monde, un autre événement macabre et ignoble s’est soldé aussi par la mort d’un homme (Georges Floyd), asphyxié lui aussi. Quel est le lien, la symbolique qui relie les deux événements ? Les deux victimes sont «black», mot devenu inutilement traduisible ayant acquis un statut d’universalité. Ils vivaient dans deux pays différents mais leurs «lointains» ancêtres étaient des esclaves arrachés à leur terre pour aller suer pour des pays, des sociétés qui avaient trouvé une combine pour s’enrichir plus et plus vite, faire travailler l’autre sans le payer.

Rappelons que ces pays, ces sociétés vivaient sous un système qui avait donné en principe la liberté à l’homme d’aller vendre sa force de travail contre un salaire dans un endroit géographique et un secteur économique qui lui sied. Le rappel de ces deux faits historiques va faire hurler des vierges ignorant(e)s et effarouché(e)s. Ils, elles ne savent pas qu’on ne peut pas tricher, évacuer l’histoire, un témoin non corruptible. Pour clouer le bec à ces vierges, disons tout de suite que des femmes et hommes dotés de raison, d’un cœur et d’une âme cristalline comme la lumière ont lutté et fait aboutir des combats qui se sont soldés par l’abolition de l’esclavage. Ces femmes et hommes sont des «Blancs» comme «nos» vierges. Ceci pour dire que l’élégance de la victime sait faire la différence entre la couleur d’une peau et la vulgarité du langage des chiens de garde qui ont inventé la notion de la suprématie blanche «suprématiste». Encore une chose avant de disséquer la haine et la hargne qui dégoulinent de la bouche de certains «zozos» qui, avec un vernis de culture et la manipulation des mots, fascinent une catégorie de formateurs médiatiques qui polluent l’atmosphère.

Cette chose, c’est précisément les certitudes bêtes et méchantes de ces formateurs eux-mêmes formatés par un confort idéologique qui brouille leurs regards. Quel est le fond de l’affaire ? Une levée de boucliers des petits soldats qui cultivent une certaine vision du monde qu’ils veulent imposer à la société. Déguisés en bisounours, ils veulent faire croire que la société baigne dans le calme et la sérénité. Que la société serait un robot intelligent qui obéit à un logiciel insensible à tout grain de sable qui viendrait le détourner de son chemin. Et quand une écrivaine comme Virginie Despentes sort des clous et manie les mots avec toute la puissance que lui donne l’autorité de son talent d’écrivaine, nos bisounours restent sans voix et se rabattent sur une statistique pour dévaloriser ses propos.(1) Attitude risible et piteuse de la part de gens qui voient le monde et l’histoire du bout de la lorgnette. Leur misérable confort les fait abdiquer devant un maître invisible qui les invite, leur ordonne de pratiquer le déni de la réalité quand bien même ladite réalité serait crue et violente. Le déni de réalité et leur mauvaise foi leur permettent de dire que le système n’est pas entaché par un quelconque racisme.(2)

Mais c’est qui, c’est quoi un système ? Est-ce un enfant bien élevé que les parents grondent ou le privent de désert pour qu’il ne commette plus de bêtise ? Ou bien est-ce une machine sociale et idéologique qui donne naissance à des aberrations qu’elle reproduit en secrétant des ravages. Et ces derniers disparaissent ou se meurent que sous la poussée de l’histoire qui produit, déclenche des guerres ou des révolutions. Oui, l’esclavage a existé et il était même «naturel» dans la Grèce de Platon et dans la Rome de Cicéron. Oui, l’esclavage a existé aux Etats-Unis et il fallut une guerre de sécession pour l’abolir officiellement. Oui, l’esclavage a existé en France et il a fallu une grande révolution pour l’abolir et qu’un enfant de cette révolution (Napoléon) le rétablisse pour enfin disparaître avec la révolution de 1848. Oui, l’esclavage existe encore de nos jours dans certains pays féodaux et qu’on ne titille pas parce qu’ils dorment sous un liquide précieux.

Quel pitoyable spectacle de voir des «intellectuels» bardés de diplômes faire des contentions à leur esprit pour faire croire que l’Amérique de la liberté est toujours le bastion des idéaux de sa révolution anticoloniale ! Que des animateurs des plateaux télévisés débitent des lieux communs. Ils ne savent pas qu’une loi fût-elle fondamentale n’efface pas les sales mentalités, les visions du monde étriquées, bref l’ignorance accumulée à travers les âges quand même des esprits éclairés, sages et tenaces s’acharnent à limiter les dégâts. Oui, la réalité du racisme est, hélas, répandue dans le monde. On a parfois l’impression qu’il faut toujours recommencer la lutte comme le Sisyphe de la mythologie grecque qui pousse une pierre jusqu’au sommet de la montagne d’où elle finit de retomber. Mais l’Homme intelligent et tenace a prouvé qu’il peut démentir les mythes. Chez nous aussi, il faut balayer devant notre porte car nous assistons chez nous à des actes ou attitudes racistes à l’encontre des Africains qui traversent l’Algérie pour rejoindre «l’Eldorado» tant rêvé.

A. A.

(1) Virginie Despentes est une grande écrivaine qui n’hésite pas à mettre en danger le confort de sa célébrité pour prendre des positions tranchées aux antipodes de la doxa, ce «syndicat d’intellectuels» qui concourent au formatage des esprits.

(2) Cette doxa, à défaut de lui opposer des arguments qui tiennent la route, ont piteusement mis en valeur une soi-disant ignorance de l’écrivaine. Celle-ci a écrit qu’il n’y avait jamais de ministres «noirs». Evidemment, Virginie Despentes ne pensait à ces ministres Kleenex qu’on remercie une fois la mission terminée.

 

Comment (2)

    GERONIMO LE CHAOUI DU MAC
    8 juin 2020 - 13 h 03 min

    LA PLANÈTE TOUTE ENTIÈRE HURLE SA COLÈRE ENVERS UN FLIC RACISTE. EN ALGERIE NAIMA SALHI A FAIT PIRE A PLUSIEURS REPRISES EN APPELANT LES ALGERIENS A EXTERMINER LES 15 MILLIONS DE KABYLES OUBLIANT QUE LES CHAOUIS SONT AUSSI ((KABYLES)) par LES LIENS HISTORIQUES ET SANS COMPTER LE REDOUTABLES GUERRIERS DU DESERT TOUS ARMES DANS LE GRAND SUD. (…)

    مسعود البسكري
    7 juin 2020 - 20 h 44 min

    العلاقة بين القتيلين أنهما كانا موطنيين يعيشان ويحملان جنسية بلدين يدافعان ويتغنيان صباح مساء بحقوق الإنسان والديمقراطية.
    بلدين يريدان أن تنعم الشعوب الأخرى بالديمقراطية وحقوق الإنسان كما ينعم بهما الشعب الأفغاني والشعب العراقي والشعب الليبي.

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