Pensée dominante
Par Mrizek S. – Quand c’est nécessaire ou, même, de temps à autre, pour un rappel à l’ordre salutaire, il faut faire sienne cette citation apocryphe : «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire», attribuée, à tort, à Voltaire, des sources l’ayant prêtée à la célèbre femme de lettres britannique, spécialiste de Voltaire justement, Evelyn Beatrice Hall, qui en aurait revendiqué la paternité.
Peu importe qui l’eût dite, mais le but de la convocation de cette célèbre et non moins percutante citation, pouvant être le compendium de tous les combats pour toutes les libertés malmenées – de penser, de presse, d’expression, etc., – menés partout dans le monde et à travers l’histoire.
La revendication du droit de jouir pleinement de la liberté de parole, ce qui, bien évidemment, ne veut absolument pas dire jeter l’anathème ni se répandre en invectives, la forme d’argument la plus ignominieuse, cette demande doit échoir en partage équitable et ne saurait être l’apanage de ceux-ci, de ceux-là, ou d’une élite, fût-elle intellectuellement outillée, voire héritière d’une quelconque autorité apostolique.
Les libertés de parole et de penser autrement se doivent d’être un acquis et, surtout, un droit pour tous, sans distinction ni discrimination d’aucune sorte. Sauf que l’appropriation qui devait, par principe, être collective de cet enjeu fondamental s’avère être un privilège exclusif d’une élite, et n’est effective que dans un seul et unique camp, presque jamais dans l’autre. Voilà une tautologie que dire que l’on a substitué à la libre-pensée la pensée dominante dans tous les domaines, politique, économique, social et, singulièrement, intellectuel, laquelle pensée dominante a conduit le monde là où il est aujourd’hui, c’est-à-dire dans un cul-de-sac.
M. S.
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