Avant-projet de nouvelle Constitution : Mohamed Lagab parasite le Président
Par Mohamed K. – Le chargé de mission au niveau de la présidence de la République, Mohamed Lagab, a commis un grave dérapage lors de son récent passage à la Radio Chaîne I. Interrogé sur l’état d’avancement des discussions autour de la nouvelle mouture de la Loi fondamentale, l’intervenant a «tranché» sur les points sur lesquels les discussions peuvent porter et a exclu toute possibilité de donner un point de vue sur des questions fixées au préalable, donc fixées au préalable et donc écartées de facto du débat.
«Des modifications pourraient être prises en compte après les discussions au sujet de la mouture de la nouvelle Constitution, mais je puis vous affirmer, dès à présent, qu’il n’y aura que quelques légers changements et je confirme à l’adresse de l’opinion publique que la commission qui a rédigé l’avant-projet prendra en considération toutes les propositions, à condition que celles-ci ne concernent pas l’identité et la nature du régime», a martelé le fonctionnaire à la Présidence dont on ne comprend pas qui l’a habilité à user de ce ton martial alors qu’il n’en a pas les prérogatives.
«Nous nous dirigeons vers un système semi-présidentiel ; aussi, les propositions qui voudraient que soit instauré un système parlementaire seront rejetées de fait», a-t-il décrété. «Nous n’accepterons que les propositions sérieuses qui prônent l’équilibre entre les pouvoirs, le renforcement de l’opposition au sein du Parlement et la place du pouvoir législatif», a encore dicté le chargé de mission. Et de disposer : «Ces suggestions-là, je puis vous assurer que la commission les acceptera sur orientation du président de la République, car il faut préciser que si ladite commission travaille sur la nouvelle Constitution, celle-ci est sous l’autorité de la présidence de la République.»
Ce n’est pas la première fois que Mohamed Lagab provoque une polémique à travers ses interventions incongrues sur un sujet aussi grave que l’amendement en profondeur de la Loi fondamentale. D’aucuns estiment qu’un tel projet ne peut être confié à un simple conseiller à la Présidence et qu’un tel choix diminue de l’importance de cette réforme que le président Tebboune a inscrite comme une priorité absolue pour tourner la page des vingt ans de règne de Bouteflika. Mais il semble bien que cet aggiornamento soit discrédité par des propos malavisés qui font douter de la sincérité de cet effort de rénovation des fondements de l’Etat.
M. K.
Comment (26)