Tunisie : une motion exigeant des excuses de la France pour ses crimes coloniaux
En Tunisie, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a entamé ce mardi 9 juin en séance plénière la discussion de la motion déposée le 12 mai par la coalition Al-Karama, exigeant de la France des excuses sur les crimes commis pendant et après la colonisation du pays, rapporte le média russe Sputnik.
La motion divise la classe politique tunisienne. Certains considèrent que cette question relève des prérogatives du président de la République, quand d’autres estiment qu’elle pourrait nuire aux intérêts de la Tunisie. La séance plénière a été levée pour attendre l’avis de la présidence de la République sur la question.
Oussama Khelifi, président du groupe Qalb Tounes, a fait savoir qu’une correspondance avait été envoyée au président de la République, Kaïs Saied, «pour connaître sa position étant donné que la question relève de ses prérogatives, comme le prévoit la Constitution». A cet effet, le député a «demandé l’interruption de la séance plénière pour apprendre l’issue du courrier».
De son côté, Ali Laarayedh, ex-Premier ministre issu du parti islamiste d’Ennahdha, a estimé dans une déclaration ce mardi 9 juin, au site d’information arabophone Al-Chourouk, qu’«exiger des excuses à la France portera atteinte aux intérêts de la Tunisie». Il a appelé les députés à voter contre cette motion tout en demandant à la présidence la République, au chef du gouvernement et au ministère des Affaires étrangères d’agir «pour éviter à la Tunisie ce dont elle n’a pas besoin» en ce moment.
En juin 2019, dans une déclaration à France Inter, Sihem Ben Sedrine, présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), chargée de la justice transitionnelle en Tunisie, a affirmé que la France avait commis des crimes dans le pays en 1956 alors qu’il était indépendant.
«Les premières violations commises par l’Etat français à travers ses parachutistes et son aviation, c’est en juillet 1956», a-t-elle déclaré, ajoutant que «la Tunisie était indépendante, et ils ont pilonné tout le sud et ont tué des centaines de Tunisiens».
Mme Ben Sedrine a assuré que l’IVD avait documenté ces crimes dans les moindres détails, insistant sur le fait que «le grand massacre, c’était celui de Bizerte». «Ils ont tué un peu moins de 5 000 personnes», précisant que parmi les morts il y avait «environ 300 militaires, mais tous les autres étaient des civils». «Il est temps aujourd’hui que la France se réconcilie avec ses valeurs et avec ses anciennes colonies. […] Et qu’on puisse construire un futur apaisé», a-t-elle conclu.
R. I.
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