Communication débridée, cacophonie : grand nettoyage en vue à la Présidence
Par Kamel M. – A son arrivée au pouvoir, le président Abdelmadjid Tebboune a cru bon s’entourer d’un grand nombre de «communicateurs» et de désigner deux porte-parole au lieu d’un. Echaudé par le silence fatal de son prédécesseur qui l’a conduit à sa déchéance après le soulèvement populaire – dont la mèche est mal éteinte – à cause d’un cadre exhibé en guise de candidat à sa propre succession, le nouveau locataire du palais d’El-Mouradia a voulu tenir sa promesse d’être plus «présent» et plus «loquace».
Or, le président Tebboune a tellement voulu bien faire qu’il se retrouve avec une équipe peu expérimentée désignée par complaisance pour avoir soutenu le processus électoral rejeté par l’écrasante majorité des Algériens. Un choix qui rappelle la désignation des délégués exécutifs communaux dans les années 1990 pour remplacer les maires dans un contexte de rare violence. L’Etat avait alors dû recourir à des citoyens engagés dans la lutte contre le terrorisme islamiste mais souvent sans aucune compétence en matière de gestion administrative.
La première conférence de presse du porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Amar Belhimer, a montré toute l’étendue des lacunes qui caractérisent la communication gouvernementale confiée pourtant à un ancien journaliste. Belhimer a provoqué un tollé général en affirmant que la liberté de la presse en Algérie était «garantie» au moment même où un énième média était censuré et un quatrième journaliste jeté en prison.
Hier, c’était au tour du porte-parole de la présidence de la République de commettre une grave bévue en affirmant que le consul du Maroc à Oran était un agent des renseignements marocains, offrant ainsi l’occasion au Makhzen de répliquer en considérant les «assertions» de Belaïd Mohand-Oussaïd, qui engagent ainsi le président de la République, de «ridicules». La «révélation» de l’ancien ministre de la Communication sous Bouteflika a également fait réagir des observateurs avisés en Algérie même. Ces derniers ont estimé que si l’information «révélée» par le ministre-conseiller à la Présidence s’avère exacte, l’opinion publique algérienne est en droit de savoir pourquoi l’Etat n’a pas déclaré le consul marocain persona non grata dès sa nomination à Oran. Ces observateurs soulignent que si l’Etat était au courant, son inaction face à cette «infiltration» serait incompréhensible et si la vraie fonction de l’agent de la DGED déguisé en consul était jusque-là inconnue, cela soulèverait des interrogations sur le travail de nos services du contre-espionnage.
Aux côtés des deux porte-parole, le chargé de mission à la présidence de la République, Mohamed Lagab, n’a eu de cesse de parasiter le chef de l’Etat en commentant et en fixant les lignes rouges à ne pas dépasser dans les consultations sur l’avant-projet de la nouvelle Constitution en cours d’élaboration. Ce qui, selon des sources généralement bien informées, agace à El-Mouradia.
Aussi un grand nettoyage serait en cours de préparation pour améliorer la communication de Tebboune malmenée par un pool de journalistes pléthorique qui n’arrive visiblement pas à assimiler la mission qui lui est échue.
K. M.
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