Notre ambassadeur à Rabat convoqué au ministère des Affaires étrangères
Par Houari A. – L’ambassadeur d’Algérie à Rabat a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, indiquent des médias marocains qui se réfèrent à des sources diplomatiques. La convocation ferait suite à la déclaration du porte-parole de la présidence de la République qui a accusé le consul du Maroc à Oran d’être un agent des services de renseignement.
Le chef de la diplomatie marocaine avait réagi à cette accusation en la qualifiant de «ridicule». Des sources marocaines interrogées par les médias en question se sont, quant à elles, interrogées pourquoi les autorités algériennes ont habilité le représentant marocain et l’ont admis officiellement à exercer ses fonctions. La sortie maladroite de Belaïd Mohand-Oussaïd a donné l’occasion au Makhzen de retourner la situation en sa faveur, parasitant ainsi l’excellent travail du ministère des Affaires étrangères qui s’était contenté de «régler le problème» sans faire de bruit, après l’appel reçu par Sabri Boukadoum de son homologue marocain Nasser Bourita.
Le ministre marocain des Affaires étrangères a révélé hier la teneur de l’échange téléphonique. Rabat avait décidé de rappeler le consul considéré persona non grata par Alger dès la reprise du rapatriement des ressortissants marocains bloqués en Algérie pour cause de confinement et de fermeture des frontières ariennes entre les deux pays. Le rappel du consul marocain était inévitable, estime-t-on à Rabat. Du point de vue marocain, il devenait impossible de le maintenir en poste car il n’était plus en mesure de remplir sa mission convenablement. Mais, en réalité, le Makhzen a reçu le message des autorités diplomatiques algériennes cinq sur cinq. Si le consul n’était pas rappelé, il aurait été expulsé, insinuait le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
La sortie ratée de Mohand-Oussaïd dénote une ingérence dans la gestion des questions qui relèvent du ressort exclusif du ministre des Affaires étrangères. Une interférence qui rappelle l’ère Bouteflika marquée par l’emprise hégémonique de ce dernier sur la politique étrangère du pays, qu’il considérait comme sa chasse gardée. Or, dans ce cas d’espèce, ce n’est même pas le chef de l’Etat qui a court-circuité le travail de la diplomatie, mais son porte-parole dont on ne sait pas si ses commentaires reflètent la position du Président ou s’il improvise ses réponses sans mesurer les conséquences de ses inconséquences.
H. A.
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