A bout de souffle
Par Mrizek Sahraoui – C’est dans un contexte d’une France troublée qu’Emmanuel Macron a prévu de s’adresser aux Français depuis l’Elysée, ce dimanche soir. S’il affectionne particulièrement les interventions télévisées, il n’en reste pas moins que, face à une telle situation implexe dans laquelle se trouve la France, le président Macron ne dispose pas d’une large marge de manœuvre lui permettant d’affronter les problèmes induits, pour la plupart, par sa politique. Encore une fois, celui-ci risque d’y laisser des plumes, ont observé des analystes de la vie politique nationale.
«Il va une nouvelle fois aplanir les monts», s’est amusé un député de l’opposition. Cette allocution intervient au moment où la tension sociale, combinée à une double crise sanitaire et économique, est à son comble. Le «Au même temps», la rhétorique habituelle à laquelle Emmanuel Macron a toujours eu recours, laquelle lui a permis de trouver l’équilibre et de se sortir des situations très souvent antagoniques, pourrait, cette fois-ci, lui être d’aucun secours, tellement les sujets sont multiples et enchevêtrés, les solutions rares.
Les médias parisiens ont rapporté et longuement commenté les sujets phares susceptibles de constituer l’ossature du discours de ce dimanche qu’on dit solennel. L’on a évoqué, pêle-mêle, la phase déconfinement qui semble avoir réussi, puisqu’il n’y a pas eu de complications particulières soit au niveau des écoles, collèges et lycées, tout comme chez la population en général. Tout en se délivrant sans doute un satisfecit à ce propos, Emmanuel Macron donnera, dit-on, des pistes sur la relance économique. Logique, la pandémie due au coronavirus a plongé la France dans une violente récession. Mais le sujet brûlant de l’heure demeure sans conteste la lutte contre le racisme et les violences policières. La mort de l’Afro-américain George Floyd a dessillé les yeux, réveillé les rancœurs et percé à jour le «racisme normalisé».
A travers les manifestations de ces derniers jours, dont celle d’hier qui a rassemblé plus de 15 000 personnes, Place de la République à Paris, les citoyens antiracistes ont exprimé un sentiment d’indignation, lequel risque de cristalliser les colères et jouer le rôle d’un détonateur. Et la menace d’une révolte de la jeunesse qui est aux premiers rangs des rassemblements organisés jusqu’ici est prise très au sérieux par qui de droit, Emmanuel Macron en l’occurrence.
On ne peut pas lutter contre le racisme, l’injustice et les discriminations avec des mots. Les Français exigent, désormais, des actes concrets. Une majorité de citoyens ne se contentent plus d’un parlage sans lendemain, pas plus qu’ils n’acceptent une France qui offre une pseudo-liberté, une relative égalité et pas du tout de fraternité. Et c’est sur ces questions-là qu’Emmanuel Macron est attendu au tournant. De vraies réponses doivent être apportées à l’occasion de son quatrième discours depuis le début de la pandémie du Covid-19.
Sauf que le macronisme est à bout de souffle, font remarquer certains commentateurs. Ainsi, le bail de 10 ans, la durée légale autorisée par la Constitution, que Macron pensait avoir conclu, risque d’être résilié plutôt que prévu si, comme il l’a fait jusqu’à présent, il persiste encore et toujours à vendre du vent.
M. S.
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