L’Algérie installera-t-elle des bases militaires dans certains pays voisins ?
Par Kamel M. – C’est désormais la question que se posent des analystes après la décision de l’armée algérienne de ne plus se contenter de défendre les frontières du pays à l’intérieur du territoire national. «Si l’alinéa de l’avant-projet de la nouvelle Constitution évoque des interventions extra muros dans le cadre des opérations de maintien de la paix sous l’égide des Nations unies, il n’en demeure pas moins que l’objectif final de ce changement de cap est la protection des intérêts de l’Algérie de plus en plus menacés par une présence militaire multinationale à ses frontières et un péril certain sur sa sécurité», expliquent des sources informées.
Interrogées sur les révélations faites par un ancien haut gradé placé en détention récemment, lequel a révélé qu’un complot à l’intérieur même de l’état-major de l’armée a sabordé une opération secrète visant à libérer les sept diplomates algériens enlevés à Gao, dans le nord du Mali, nos sources estiment que «non seulement une telle action devait être menée par les services secrets algériens, mais l’armée n’aurait pas dû laisser le champ libre devant les groupes islamistes armés qui infestent la région et qui sont tous téléguidés à partir d’officines secrètes, notamment le groupe qui a enlevé les fonctionnaires algériens, le Mujao, une création de la DGED marocaine».
«L’armée algérienne aurait dû marcher sur la zone frontalière malienne pour y procéder à la traque, à l’encerclement et à la neutralisation de ces groupes terroristes, d’autant qu’elle en a les moyens humains, matériels et technologiques pour accélérer l’élimination de ces organisations criminelles transfrontalières et permettre un retour à la normale progressif dans le Sahel», ajoutent nos sources qui estiment que «l’armée française a profité de la doctrine par trop figée de l’ANP pour occuper le terrain à sa place, ce qui n’a fait qu’aggraver la situation et accroître la menace dans la région».
«L’Algérie, qui a refusé de s’embringuer dans le G5 Sahel, en réalité, chair à canon africaine pour le compte des intérêts économiques français en Afrique, est consciente que l’heure est venue de passer du stade des exercices militaires impressionnants et retentissants à celui de la présence militaire effective là où ses intérêts sont en jeu», estiment nos sources qui n’excluent pas la possibilité que l’armée algérienne soit appelée à installer des bases militaires dans certains pays de la région pour dissuader les puissances étrangères qui lorgnent les richesses souterraines et halieutiques de pays amis de l’Algérie qui n’ont pas ses capacités militaires pour se défendre et éloigner les velléités expansionnistes et néocoloniales qui agitent de nombreux Etats au vu du nouvel ordre mondial en gestation et des chamboulements géostratégiques en cours.
Le centre de recherches Carnegie Middle East Center avait expliqué que cette nouvelle approche offensive de l’Armée nationale populaire «permettra à l’Algérie de projeter sa puissance militaire et de prendre les devants si une action bien préparée et bien dirigée par l’Afrique doit voir le jour dans la région», tout en estimant que l’armée algérienne aurait dû intervenir en Libye en 2011 déjà. «Le début de la crise libyenne était une occasion manquée», pense Carnegie, qui reproche à l’Algérie de s’être cantonnée dans son «principe fondamental de non-intervention» qui a «ouvert les portes à une opération militaire mal élaborée par l’Otan qui savait que celle-ci ne provoquerait pas une réaction algérienne décisive». Cette position de l’armée algérienne a «facilité l’ingérence étrangère et l’intervention de différents acteurs régionaux et internationaux, à savoir l’Egypte, les Emirats arabes unis, le Qatar, la France, l’Italie, la Russie et la Turquie», note le centre de recherches.
K. M.
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