Les sous-entendus perfides du Monde sur Droudkel et les services algériens
Par Mohamed K. – Dans un article intitulé «Les zones d’ombre en Algérie de la mort du chef d’Aqmi», le quotidien français Le Monde pose une série de questions empreintes d’insinuations et de sous-entendus sur le parcours du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique abattu récemment par l’armée française au Nord-Mali. «Comment le djihadiste le plus recherché d’Afrique du Nord a-t-il pu traverser deux mille kilomètres de territoire algérien avant d’être tué par la France au Mali ?» s’interroge le journal, qui suggère les réponses qu’il qualifie de «troublantes» et dont il laisse entendre qu’elles justifieraient «l’embarras des autorités algériennes».
«Comment Droukdel, à la tête d’un maquis djihadiste dans les montagnes de Kabylie depuis deux décennies, a-t-il bien pu traverser l’Algérie du nord au sud ? Comment l’ennemi public numéro un des forces algériennes de sécurité est-il parvenu à franchir les quelque deux mille kilomètres d’un tel trajet ? Comment a-t-il pu esquiver les barrages et les contrôles d’un territoire aussi quadrillé ? De quelles complicités en termes de logistique et de transport a-t-il pu disposer pour accomplir une aussi longue traversée ? Comment, enfin, a-t-il pu franchir la frontière avec le Mali que l’armée algérienne est censée surveiller avec le plus grand soin pour justement éviter les infiltrations djihadistes sur son propre territoire ?» se demande, en effet, Le Monde. Ce dernier se garde, cependant, de spéculer sur la provenance d’une «vidéo de propagande de Droudkel» diffusée par l’Agence de presse française AFP et qu’il relaie lui-même.
En somme, le quotidien socialiste accuse, sans l’exprimer explicitement, les services de sécurité algériens d’avoir permis à Abdelmalek Droudkel de se rendre au Mali pour y mener ses activités terroristes. «Il était évidemment délicat pour les militaires algériens de féliciter leurs homologues français pour l’élimination du plus redoutable des djihadistes algériens, traqué en vain depuis 27 ans en Algérie et condamné cinq fois à mort par contumace». Le Monde se contredit en affirmant, d’un côté, que l’armée algérienne a échoué à neutraliser le chef d’Aqmi et que, de l’autre, il était impossible pour celui-ci de quitter le territoire algérien «quadrillé» et donc, hermétiquement fermé.
Mais le journal commet un faux-pas qui révèle ses intentions. «Le régime algérien [vient de] susciter une crise complètement artificielle avec Paris, en ordonnant le rappel de son ambassadeur, au motif de la diffusion sur des chaînes publiques de deux documentaires consacrés à la contestation algérienne.» Le Monde rend donc à l’Algérie la monnaie de sa pièce en croyant dévoiler une collusion entre les services secrets algériens et les chefs terroristes qui écument le Sahel, dont notamment Abdelmalek Droudkel et Iyad Ag Ghali.
«Refrain d’une vieille chanson remise au goût du jour et dont le titre est Qui tue qui ?» ironisent des sources sécuritaires qui invitent le journal français et ceux qui lui ont suggéré cette analyse biaisée à garder les pieds sur terre, car «nous savons d’expérience que la mise hors d’état de nuire d’un chef terroriste ne signifie pas la fin du groupe qu’il dirigeait» et qu’«au contraire, son remplaçant est toujours appelé à commettre des attentats spectaculaires en guise de serment à son prédécesseur tombé en martyr». Nos sources réagissent ainsi à la conclusion suffisante du Monde, selon laquelle «l’élimination de [Droudkel] par la France au Mali pourrait ainsi avoir pour conséquence inattendue la décomposition des derniers maquis terroristes en Algérie».
M. K.
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