Le «complotiste» Bensaada ne badine pas avec la souveraineté nationale
Par Youcef Benzatat – Le dernier livre d’Ahmed Bensaada, Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ?), a eu le mérite, au-delà du fait d’avoir mis à nu les comploteurs contre la souveraineté nationale, de braquer les projecteurs sur la pollution du Hirak par les mauvaises consciences qui s’y agrippent pour le détourner de sa trajectoire historique.
Par mauvaises consciences, il est entendu, bien évidemment, tous ceux qui traitent les sentinelles qui veillent sur la sécurité nationale de complotistes, pour tromper les partisans du Hirak. Reprenant à la lettre les stratèges néocolonialistes, qui qualifient de théorie du complot toute thèse qui met à nu les plans de déstabilisation des pays vulnérables, afin de les faire basculer dans le chaos et rendre possible le pillage de leurs richesses, en accolant à son auteur l’étiquette de complotiste, pour tromper l’opinion.
La théorie complotiste ne rencontre généralement pas beaucoup de résistance de la part des masses populaires, désinformées, dont la crédulité est alimentée par l’abus des stratèges des dictateurs corrompus, responsables des conditions de vulnérabilité de leur propre pays, en qualifiant toute opposition à leur despotisme de complot de l’étranger, communément appelé «main étrangère».
De ce fait, toute dénonciation d’une quelconque complicité intérieure avec les comploteurs néocolonialistes est facilement noyée par ces mauvaises consciences dans des considérations de complotisme et son auteur de valet des dictateurs. Comme si le patriotisme pour eux ne pouvait revêtir une conscience citoyenne autonome de toute appartenance partisane et principalement du pouvoir despotique en vigueur.
Alors que le Hirak dans son expression spontanée des premières semaines était particulièrement orienté dans sa lutte contre ce même despotisme, par la dénonciation de la corruption de l’Etat et ses complicités avec les lobbys néocolonialistes, ces mauvaises consciences ne font rien d’autre que de vouloir déchoir les despotes en place au prix des mêmes relations néocoloniales au détriment de la souveraineté nationale.
Pour les comploteurs et les nouvelles figures du complotisme, ceux qui traitent de complotiste tout patriote qui se donne les moyens d’investigation pour lancer des alertes contre les complots qui se trament contre sa patrie, le Hirak ne doit plus être celui du peuple qui est sorti le 22 février dans un élan de solidarité nationale pour se réapproprier son pays avec la volonté de l’arracher des mains d’un régime despotique et de ses complices néocolonialistes.
Cette résurgence du peuple dans l’espace public et la fièvre révolutionnaire qui s’est emparée de lui, ne pouvait laisser indifférents des comploteurs et des complotistes à leur solde pour façonner des mirages illusoires et broder des lauriers trompe-l’œil, pour assouvir des appétits et des convoitises qui se sont déjà manifestés aux premières fissures du système de pouvoir despotique à l’origine de ce réveil populaire et qui se sont précipités dans la foulée.
Sous leur influence, le Hirak a progressivement implosé dans des luttes digressives, en conflits orchestrés entre religieux, identitaires, ethniques, linguistiques, en délaissant la trajectoire historique ébauchée pendant les premières semaines de sa manifestation, à savoir l’édification d’un Etat de droit, démocratique et social, dont la citoyenneté est le principal pilier, indifféremment de toute considération caractéristique déployée dans la stratégie de son implosion.
Ahmed Bensaada, comme Mohamed Bouhamidi, Rafaa156dz et tant d’autres lanceurs d’alertes agissent par amour de leur pays en tant qu’hommes et femmes libres et entendent militer à leur manière pour le bien-être de leur peuple sans badiner avec la souveraineté nationale de leur pays, par pur patriotisme. C’est leur manière de concevoir le Hirak et d’y contribuer sans aucune prétention à vouloir s’afficher en tant que ses ténors autoproclamés.
Y. B.
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