La stratégie du Makhzen pour placer son pion à la place de l’Algérien Chergui
Par Houari A. – La guerre pour le poste de commissaire à la paix et à la sécurité au sein de l’Union africaine bat son plein. Derrière l’article d’Africa Intelligence qui faisait état d’une alliance des pays de l’Afrique de l’Ouest pour présenter un candidat nigérian pour succéder à l’Algérien Smaïl Chergui se cache une manœuvre de Rabat, a appris Algeriepatriotique de sources proches du dossier.
En effet, le Makhzen, dont l’emprise sur de nombreux pays de la CEDEAO n’est un secret pour personne, tente d’actionner cette partie de l’Afrique pour faire bloc contre le commissaire algérien, mais pas pour le faire remplacer par un Nigérian. Rabat a son propre pion en la personne de son représentant permanent aux Nations unies, Omar Hilale, qu’il compte sortir de son escarcelle à la dernière minute et poser ainsi un lapin aux autorités nigérianes qui lorgnent le poste, estimant qu’il lui revient de droit vu le rôle stratégique que cette puissance énergétique, membre fondatrice du Nepad, joue sur le continent.
Algeriepatriotique a relayé, le 12 juin passé, un article d’Africa Intelligence, vraisemblablement commandité par le Makhzen – qui en est un des principaux bailleurs de fonds, selon des sources concordantes – dans lequel il était question d’un «forcing» opéré par le Nigeria au sein de l’Union africaine pour éjecter l’Algérie de la présidence du Commissariat à la paix et la sécurité. «Depuis la création du poste de commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, il est occupé par un Algérien, mais maintenant, il y a un accord quasi unanime sur le fait que le travail, avec des responsabilités élargies, devrait être confié à une autre puissance africaine : le Nigeria», rapportait le site. Ce média affirmait que «les Etats membres de l’Union africaine sont parvenus à un quasi-consensus sur le fait que le portefeuille élargi ne devrait pas revenir à l’Algérie ou à un autre pays du Maghreb» et que ces derniers estimaient que «c’est maintenant à leur tour d’adouber le futur commissaire à la paix et à la sécurité».
«Tout ceci n’est qu’une diversion fomentée par Rabat pour éviter une confrontation directe avec le pays ennemi, dixit le consul du Maroc à Oran, qu’est l’Algérie et profiter d’une confrontation entre cette dernière et les pays de l’Afrique de l’Ouest pour, ensuite, s’imposer comme l’alternative salutaire qui éviterait un blocage suite à cette joute diplomatique au sein de l’Union africaine», expliquent nos sources, qui précisent que le Makhzen compte sur ses alliés au sein de la CEDEAO et sur l’influence de Paris sur les Etats africains qui pourraient ne pas adhérer à l’agenda marocain.
H. A.
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