Une ministre française : «L’Algérie va devenir un acteur primordial au Sahel»
Par Mohamed K. – La ministre française des Armées a affirmé que l’Algérie était un partenaire-clé dans la stabilisation de la région du Sahel. «En ce qui concerne les [autres] partenaires dont on parle un peu moins, l’Algérie est un acteur important et nos échanges avec ce pays sont denses, en particulier sur l’évolution et l’évaluation de la situation sécuritaire, mais aussi en ce qui concerne la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation qui a été signé à Alger en 2015», a indiqué Florence Parly, lors de son audition par une commission du Sénat.
«Nous considérons que l’Algérie est un acteur important de ce processus de paix malien et, probablement, a vocation à le devenir plus encore», a souligné la ministre française, en réponse aux questions des sénateurs sur le bilan et les perspectives de l’opération Barkhane, six ans après son lancement. «Il semble qu’il y ait eu une évolution positive récente du côté de l’Algérie», a laissé entendre, pour sa part, le président de la commission, le sénateur Christian Cambon, avant d’interroger la ministre : «Qu’est-ce qu’on peut attendre de ce pays qui est un des parrains des accords d’Alger ? Qu’est-ce que l’Algérie souhaite faire dans le domaine des solutions politiques ?»
Evoquant la situation sur le terrain, Florence Parly a fait savoir que la victoire était loin d’être acquise. «Je ne dis pas du tout que la victoire est à la portée de la main, ce n’est pas un langage que j’utilise, moi personnellement, parce que je suis très prudente et je pense aussi que ce sont des propos qui mettent en danger non seulement nos propres forces, mais aussi les forces partenaires», a-t-elle mis en garde. «Je crois qu’il est raisonnable de souligner tous les efforts et les progrès qui ont été réalisés, mais que, comme je l’ai dit, il est encore beaucoup trop tôt pour crier victoire», a insisté Florence Parly.
La ministre française a également évoqué le G5 Sahel, la réunion de Pau et le prochain sommet de Nouakchott dont l’objectif est de faire le point sur la situation dans la région et, vraisemblablement, de paver la voie à la mise en place de la nouvelle force baptisée «Takouba» et qui verra la participation, cette fois-ci, de nombreux pays européens, dont onze ont déjà officialisé sa création et six se sont engagés à y participer formellement. Il s’agit – outre la France – de la Belgique, du Danemark, de l’Estonie, des Pays-Bas et du Portugal.
L’Algérie refuse de prendre part au G5 Sahel et envisage de revoir sa doctrine militaire dans sa nouvelle Constitution, de sorte à permettre à l’armée algérienne d’intervenir désormais au-delà des frontières quand la protection des intérêts du pays l’exige et que des menaces sur la sécurité et la stabilité du pays le recommandent. Est-ce à ce changement de cap que la ministre et le sénateur français ont fait allusion ?
M. K.
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