Al-Sissi l’a laissé entendre : l’armée égyptienne se prépare à envahir la Libye
Par Kamel M. – Le Président égyptien a laissé entendre que l’armée égyptienne allait envahir la Libye dans les toutes prochaines heures. Abdelfattah Al-Sissi, qui a qualifié la Turquie, sans la nommer, de «puissance hostile», a soutenu qu’une intervention égyptienne était désormais «légitime» au vu du développement de la situation dans l’ancienne Jamahiriya.
Al-Sissi, qui a prononcé un discours devant les hauts responsables civils et militaires égyptiens et les notables des tribus, a justifié la nécessité d’envoyer des troupes par l’«entêtement d’un Etat nostalgique de ses gloires du passé», allusion à la Turquie de Recep Tayyip Erdogan qui cherche à ressusciter l’empire ottoman à partir de la Libye, après avoir subi un cuisant revers en Syrie. Le Président égyptien a affirmé que son pays, qui n’a jamais nourri des velléités expansionnistes, «se doit d’intervenir pour défendre ses intérêts et assurer la stabilité dans la région».
La sortie d’Al-Sissi intervient quelques jours à peine après la rencontre organisée au Caire entre le chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), Khalifa Haftar, et le président du Parlement, Aguila Salah. Elle intervient également au moment où le chef du Gouvernement d’union nationale, Fayez Al-Sarraj, effectue une visite en Algérie et au lendemain d’une imposante manœuvre militaire de l’armée algérienne qui se tient, elle aussi, prête à toute éventualité, d’autant que l’avant-projet de la nouvelle Constitution l’autorise à agir hors des frontières.
Des centaines d’engins militaires étaient stationnés à l’extérieur de la salle où le président Al-Sissi prononçait ce qui s’apparente à une déclaration de guerre à la Turquie, «dont les mercenaires et les milices présents en Libye constituent une menace pour l’Egypte et pour l’ensemble des pays limitrophes». Il y a quelques jours, des images montrant des véhicules blindés égyptiens se dirigeant vers la frontière libyenne avaient fait le tour des réseaux sociaux, mais des sources égyptiennes avaient démenti en expliquant qu’elles étaient anciennes. Pourtant, le discours d’Abdelfattah Al-Sissi, relayé notamment par la chaîne russe Russia Today, indique le contraire.
Le Parlement libyen avait voté une loi autorisant l’armée turque à intervenir sur le sol libyen. Mais la ferme opposition de l’Algérie et d’autres pays directement impactés par le conflit libyen, notamment la Tunisie et l’Egypte, a poussé Erdogan à faire machine arrière et à se contenter d’envoyer des mercenaires recrutés en Syrie.
Le Caire ouvre ainsi deux fronts en même temps : l’un en Libye, où l’armée égyptienne affrontera la Turquie et le Qatar par milices interposées, et l’autre en Ethiopie, appuyée par Israël, décidée à ériger son barrage au risque d’assécher le Nil côté égyptien. Une guerre de l’eau sera-t-elle évitée ? Non, si on en croit l’ancien secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali, qui l’a prédite de longue date.
La poudrière libyenne risque d’exploser d’un moment à l’autre et un scénario syrien à nos frontières n’est plus exclu.
K. M.
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