Justice : le Syndicat des magistrats enfonce Belkacem Zeghmati
Par Mounir Serraï – Le Syndicat national des magistrats (SNM) hausse le ton face à la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui la justice. Dans une déclaration au ton acéré, le bureau exécutif du Syndicat des magistrats fait état, non sans regrets et amertume, du niveau de la «détérioration des conditions» de travail des juges, affirmant que leur situation est devenue unique «dans le système judiciaire de notre pays. Cette détérioration est due principalement aux pratiques des fonctionnaires du ministère de la Justice basées sur des outils archaïques et rétrogrades pour la gestion des affaires du secteur.
Le SNM met en avant l’unilatéralisme avec lequel se distingue le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati. Un comportement totalement «incompatible» avec les exigences professionnelles modernes relatives à la garantie du bon fonctionnement de la justice et de l’indépendance des juges dans l’accomplissement de leur travail.
Le SNM estime ainsi que la façon avec laquelle le ministre gère le secteur et se comporte avec les juges sont aux antipodes de «la base de la démocratie participative» qui est censée privilégier «la voie du dialogue» et permettre à «toutes les parties prenantes à exprimer leur opinion sur des questions qui concernent le secteur, loin de toute animosité ou de haine».
Le Syndicat des magistrats considère ainsi que la situation est grave et de plus en plus intenable. «Dans ce contexte, il est nécessaire de s’interroger sur la raison de l’exclusion du Syndicat des magistrats, qui représente plus des deux tiers des juges du pays et même du syndicat des greffiers pour exprimer leur avis sur la manière de reprendre le travail judiciaire, d’autant plus que la question est étroitement liée aux droits professionnels de ces groupes», relève le SNM qui ne comprend pas pourquoi cette exclusion ne touche que le syndicat des magistrats. Car, les organisations représentatives des avocats ont été bien consultées.
Pour le SNM, qui n’est pas à son premier bras de fer avec le ministre de la Justice, «il est plus approprié que les décisions prises à cet égard soient annoncées par le président de l’Union nationale des avocats avant leur publication par les services du ministère de la Justice».v Pour lui, il est bien clair que les autres organisations comme le SNM ne sont pas les bienvenues au ministère, poursuit le syndicat des magistrats pour lequel il est «nécessaire de rechercher les raisons de ce compromis et de ce favoritisme».
«Il convient de noter que les derniers chapitres de cette mascarade ont été rédigés aujourd’hui, à la suite de la publication d’un mémorandum du ministre de la Justice, qui incluait l’annulation de certaines décisions prises à la fin de la semaine dernière concernant la manière de reprendre le travail judiciaire, avant son entrée en vigueur, après trois jours de sa publication», ajoute le SNM qui dénonce vivement «le caractère aléatoire et confus des décisions du ministère de la Justice, dirigé par Belkacem Zeghmati». Cela «sachant que ce n’est pas la première fois que des notes de travail sont retirées peu de temps après leur publication, ce qui affecte la crédibilité de l’État et de ses institutions».
Le SNM annonce dans ce sillage que son Conseil national sera appelé à se réunir au cours du mois de juillet pour décider de ce qu’il juge approprié comme action «afin de faire face à la marginalisation persistante du ministre de la Justice à l’égard des juges et de leurs représentants légaux.
M. S.
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