A la Bouteflika ?
Par Mounir Serraï – En procédant à un remaniement gouvernemental sans toucher aux portefeuilles les plus importants, le président Abdelmadjid Tebboune fait dans le changement dans la continuité. Le remaniement qu’il a opéré n’a touché aucun poste de souveraineté, ni quelque département qui revêt un intérêt particulier. Ce remaniement a concerné, entre autres, l’enseignement supérieur, l’agriculture et le tourisme. Ni le fanfaron ministre du Commerce ni le très contesté ministre de la Justice n’ont été éjectés du gouvernement. Face aux fortes tensions sur tous les plans qui pèsent sur le pays et l’aggravation de la crise sociale, le président Tebboune semble s’inspirer de la méthode de gouvernance de Bouteflika.
En effet, ce dernier, lorsqu’il se trouvait acculé par la rue et essuyait une avalanche de critiques, sacrifiait quelques pions pour faire croire à un changement. C’est ainsi qu’il avait consommé un nombre incalculable de gouvernements en vingt ans de règne. L’actuel Président semble donc suivre cette technique qui vise à créer l’illusion d’un changement mais aussi à faire croire qu’il y a une dynamique gouvernementale qui ne laisserait guère de place à l’inertie.
Mais, dans la réalité, rien ne semble bouger pour le mieux. Le pays s’englue dans une double crise économique et sanitaire de laquelle il n’est pas près de se relever. Les réserves de change s’amenuisent, la détresse sociale s’accentue, le chômage monte et l’Exécutif patine et n’arrive toujours pas à engager de véritables reformes à même de faire sortir le pays de sa léthargie actuelle, en libérant totalement l’acte d’investir, en laissant les partis et les associations activer librement en permettant des débats ouverts sur la situation du pays.
Cela fait qu’aujourd’hui l’action de l’Exécutif se limiterait à expédier les affaires courantes ou à s’occuper de la distribution de sachets de lait, à démentir les informations qui sortent dans la presse et les réseaux sociaux ou à prendre des selfies à Boufarik.
M. S.
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