Scandale de l’humiliation d’Ouyahia : la guerre est déclarée entre deux ministres
Par Nabil D. – Ce qu’il est admis d’appeler «le scandale du cimetière» a mis le feu aux poudres au cœur même du gouvernement. Après la réaction indignée du ministre de la Communication qui s’en est pris violemment aux médias accusés de manque cruel de professionnalisme et qui a, au passage, écorché la direction des prisons, le ministère de la Justice lui rétorque en des termes diplomatiques qu’il n’y est pour rien et que la responsabilité de la direction des centres pénitentiaires «s’arrête à la porte de la prison».
L’allusion est cependant claire. Tout en habillant la réplique dans des formulations courtoises, lue entre les lignes, la réponse de Zeghmati à Belhimer est pourtant claire : «Occupez-vous plutôt de vos médias débridés !» semble asséner le ministre de la Justice à son collègue. Les images montrant un Ouyahia menotté, encerclé par une pléthore de gendarmes et tenu par ses deux bras, ont soulevé un tollé général dans le pays. L’avanie subie par l’ancien Premier ministre a fortement déplu en haut lieu et il n’est pas exclu que des sanctions tombent, selon des indiscrétions.
Le président Tebboune a-t-il demandé un rapport sur les tenants et aboutissants de cet impair qui a terni l’image de l’Algérie ? Fort possible, indiquent des sources informées qui pensent que cet acharnement de Belkacem Zeghmati contre Ahmed Ouyahia est l’erreur de trop, d’autant qu’il est déjà sur la sellette. «Son maintien au sein du gouvernement lors du dernier remaniement partiel ne signifie nullement que cet élément nocif du clan de Wassini Bouazza, résidu de l’ère Gaïd-Salah, soit dans les bonnes grâces du président de la République et du Premier ministre», expliquent ces sources qui précisent que Zeghmati «garde son poste jusqu’au traitement des procès en cours, car il en est l’instigateur» et qu’il a été instruit de les régler «au plus tôt pour permettre à une justice, enfin débarrassée du pire ministre que le secteur ait connu depuis l’indépendance du pays, de remplir enfin sa mission dans le strict respect des lois de la République».
Même si Amar Belhimer semble s’être exprimé plus en tant que citoyen écœuré par la bassesse de ceux qui sont derrière la mise en scène ignoble du cimetière où Ahmed Ouyahia assistait à l’enterrement de son frère et néanmoins avocat décédé la veille d’un arrêt cardiaque, il engage la responsabilité de tout l’Exécutif dont il est le porte-parole. Cet accrochage entre deux membres importants du gouvernement illustre l’inhomogénéité de l’équipe sur laquelle Tebboune et Djerad s’appuient pour affronter une crise complexe qui exige pourtant que les différents acteurs travaillent en symbiose totale.
N. D.
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