Vers la fin des résidences sécuritaires : Tebboune veut abolir la nomenklatura ?
Par Mohamed K. – Les journalistes hébergés dans les hôtels dédiés à la corporation depuis le milieu des années 1990 pour les protéger des groupes terroristes doivent quitter les lieux au plus tard le 1er juillet ; faute de quoi, les occupants devront s’acquitter des frais d’hébergement. Une note dans ce sens a été établie par le directeur général de l’Entreprise de gestion touristique de Sidi Fredj. La décision a été prise suite à un courrier adressé par la direction de l’ENTV dans lequel elle informe que les chambres sécuritaires n’étaient plus indispensables.
Mais il est clair que cette démarche participe d’une politique d’austérité et de rationalisation des dépenses publiques. La Télévision publique souffre d’un grave déficit budgétaire, et le coût des chambres réservées à ses journalistes depuis de longues années devient de plus en plus lourd à supporter pour le Trésor public, d’autant que le maintien de ces zones de sécurité n’est plus d’actualité, la situation s’étant nettement améliorée depuis le début des années 2000.
L’évacuation des journalistes pourrait, par ailleurs, être le prélude à la réouverture des deux autres zones sécuritaires réservées aux hauts fonctionnaires de l’Etat au grand public. Les citoyens ont longtemps été privés des plages dorées du Club des Pins et de Moretti, fermées également au début des années 1990 et maintenues en l’état jusqu’au jour d’aujourd’hui, privant ainsi le secteur du tourisme de revenus substantiels et continuant de créer une dichotomie entre des gouvernants «bunkérisés» et des citoyens qui considèrent cette «surprotection» comme un «indu privilège».
C’est à tout cela que le président Tebboune semble vouloir mettre fin à la fois par souci d’économie et par nécessité de combler le fossé qui sépare les dirigeants politiques et l’ensemble de la population de plus en plus irritée par ce qu’elle considère être des «passe-droits». Une réouverture des deux grandes plages de l’ouest de la capitale pourrait être perçue comme un geste de bonne foi du chef de l’Etat qui multiplie les mises en garde contre les abus et la gabegie dans ce contexte de crise économique. Tebboune aurait alors aboli une forme de ségrégation qui aura duré plus de vingt ans.
M. K.
Comment (20)