L’histoire d’un Egyptien dont le crâne est parmi ceux des résistants algériens
Par Kamel M. – Les médias égyptiens ont assuré une large couverture au rapatriement des crânes des résistants algériens. Et pour cause. Parmi ces restes mortuaires se trouve un appartenant à un Egyptien qui a combattu aux côtés des résistants algériens. Les médias égyptiens se sont intéressés au crâne portant le numéro 5942. Celui d’un des leurs qui est tombé au champ d’honneur lors d’une des nombreuses batailles que les Algériens ont menée contre l’armée française depuis les premières heures de la colonisation jusqu’au déclenchement de la Guerre de libération nationale.
Il s’agit de Morsi Ibn Al-Hassan Al-Misri Al-Darqaoui, né près de Damiette, dans le nord de l’Egypte. Orphelin, il tomba gravement malade et dût se rendre en Syrie en 1822 où il passera une année, avant de se rendre à Constantinople (actuelle Istanbul, ndlr) puis en Algérie où il s’établira dans l’ouest du pays. A Tripoli, en 1826, il fit la connaissance de Cheikh Mohamed Ben Hamza Dhafer Al-Madani, fondateur de la Chadhiliyya, un ordre soufi, puis retourna en Algérie, plus exactement à Laghouat, trois ans plus tard. Les références historiques soulignent qu’Al-Darqaoui avait été accueilli avec les honneurs dans cette ville du Sud-Est algérien où les habitants lui ont érigé une confrérie et lui ont octroyé des terres.
Après deux ans passés à Laghouat, Al-Darqaoui est parti à Messâad où il eut droit au même accueil. Une confrérie lui fut construite et son aura atteindra la ville de Ksar El-Boukhari et Médéa, plus au nord. Selon des historiens cités par les médias égyptiens, Al-Darqaoui se serait opposé à l’Emir Abdelkader avec lequel il aurait même croisé le fer. Le théologien égyptien s’est alors réfugié à Mouzaïa avant de repartir à Messâad de nouveau pour y reformer ses troupes. Pourchassé par l’armée française, Al-Darqaoui trouvera refuge à Metlili Châanba en 1847, où il demeurera trois années.
Dans la perspective de l’unification du combat contre la puissance coloniale, Cheikh Bouziane, un proche de l’Emir Abdelkader, prit attache avec Al-Darqaoui qui salua l’initiative et revint à Messâad à la tête d’une centaine de combattants originaires des Ouled Naïl. Ils menèrent de vaillantes batailles jusqu’au 26 novembre 1849. Fait prisonnier en même temps que Cheikh Bouziane et son fils, ordre fut donné qu’ils fussent décapités et que leur tête fût exposée à l’entrée de Biskra.
Les médias égyptiens ont salué la présence d’un des leurs parmi les résistants algériens au milieu du XIXe siècle comme la preuve d’une vieille solidarité entre les peuples algérien et égyptien.
K. M.
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