Politique ou religion
Par Noureddine Benferhat – «Dans le monde contemporain, les doctrines et théories du pouvoir débordent le champ du pouvoir politique, la pensée actuelle prend comme noyau d‘étude celui-ci dans sa quotidienneté, son vécu permanent, comme stratégie, jeu mouvant, multiplicité de rapports de force. Quant à la religion, elle ne peut ni être à la source du pouvoir ni le légitimer.
Les interprétations qui en sont données ne sont pas indépendantes du rapport de force. Le théologien égyptien Ali Abderrezak affirme le pouvoir dans une perception dynamique : «Aucun principe religieux n’interdit aux musulmans de concurrencer les autres nations dans toutes les sciences sociales et politiques. Rien ne leur interdit de détruire ce système désuet qui les avilit et les a endormis sous sa poigne. Rien ne les empêche d’édifier leur Etat et leur système de gouvernement sur la base des dernières créations de la raison humaine et sur la base des systèmes dont la solidité a été prouvée, ceux que l’expérience des nations a désignés comme étant les meilleurs», écrit-il dans L’islam et les fondements du pouvoir.
Les gens qui réclament le pouvoir politique avec pour seule aptitude le discours religieux doivent être exclus du champ politique et renvoyés à leur sphère de compétence : la religion et les actions de charité. Le pouvoir est donc du domaine du génie politique et non du génie philosophique ou religieux, l’homme ou les hommes qui doivent l’exercer, les leaders, répondent à des critères qui ne sont pas ceux du cheikh ou de l’imam.
Le leadership dans le pouvoir repose sur une combinaison complexe et personnelle de savoirs – savoir-faire et savoir-être – qui n’est pas octroyée mais qui relève de la capacité d’influence d’une personne sur d’autres.
Cette influence est un pouvoir accepté, légitime et reconnu, répondant à l’idéal de Max Weber, «l’autorité rationnelle légale». Enfin, le leadership n’est en aucune façon objet de marchandages ou d’autoritarisme.
N. B.
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