Contentieux historique avec la France : Tebboune fait de nouvelles annonces
Par Nabil D. – Le président de la République a annoncé, dans un entretien accordé au journal français L’Opinion, la mise en place d’une commission algéro-française pour «accomplir [un] travail mémoriel». On apprend, ainsi, que l’historien Benjamin Stora a été désigné par le président français Emmanuel Macron pour présider les recherches côté français et que son homologue algérien sera nommé «dans les 72 heures». «Ces deux personnalités travailleront directement sous notre tutelle respective. Nous souhaitons qu’elles accomplissent leur travail dans la vérité, la sérénité et l’apaisement pour régler ces problèmes qui enveniment nos relations politiques, le climat des affaires et la bonne entente», a affirmé Abdelmadjid Tebboune.
«Il faut affronter ces évènements douloureux pour repartir sur des relations profitables aux deux pays, notamment au niveau économique. La mémoire ne peut être estompée et nous ne pouvons pas en faire ce que nous voulons», a souligné Abdelmadjid Tebboune qui a estimé que «la remise récente des restes mortuaires des combattants qui se sont opposés, il y a un siècle et demi, à l’installation de l’armée coloniale constitue un grand pas», mais que «d’autres crimes méritent d’être racontés, comme la prise de l’oasis de Zaatcha où les troupes françaises du général Emile Herbillon ont massacré les combattants du cheikh Bouziane». «Le maréchal de Saint-Arnaud a aussi perpétré de nombreux massacres, qui ont fait plus de victimes qu’à Oradour-sur-Glane. Beaucoup d’historiens français traitent ces évènements historiques en toute honnêteté. Une fois ces problèmes de mémoire dépassés, nous pourrons avancer avec beaucoup de sérénité», a-t-il insisté.
«L’histoire algérienne ne peut être jugée par mimétisme par rapport à ce qui s’est fait ailleurs, notamment quand la Libye a demandé des excuses à l’Italie qui a ensuite payé une dette coloniale. Les Algériens tiennent beaucoup plus à la reconnaissance de l’Etat français de ses actes qu’à une compensation matérielle. La seule compensation envisageable est celle des essais nucléaires. Les séquelles sont encore vives pour certaines populations, notamment atteintes de malformations. Et certains sites n’ont toujours pas encore été traités», a ajouté Abdelmadjid Tebboune.
Le chemin de la réhabilitation de l’histoire est «plus que tortueux», a relevé le président Tebboune, en expliquant qu’Emmanuel Macron «doit lutter contre le parasitage de lobbies minoritaires, mais très dangereux, qui essaient de saper son travail, notamment des personnes revanchardes connues pour leur anti-algérianité».
N. D.
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