Gaspillage, privilèges, postes fictifs : Tebboune et Attar sévissent à Sonatrach
Par Houari A. – La récente désignation d’Abdelmadjid Attar à la tête du département de l’Energie était le prélude à une réforme profonde du groupe pétrolier Sonatrach qui va subir un lifting sur ordre du président Tebboune après, vraisemblablement, un rapport que lui a remis le nouveau ministre qui a eu à diriger la «boîte» par le passé et qui en connaît donc les moindres «recoins».
Le chef de l’Etat vient, en effet, d’ordonner un audit profond de Sonatrach pour recenser tous ses biens. Une première mesure concrète a, cependant, été prise lors de la réunion qu’il a présidée consacrée au secteur dans ce contexte de grande crise. Les représentations de la compagnie à l’étranger seront réduites, et seules celles dont le maintien est nécessaire continueront d’activer hors des frontières et seront certainement confiées à des représentants sur la base de la compétence et des états des services et non plus en fonction des «relations» et du copinage institués de longue date au sein de la société. Selon des indiscrétions, un étage dans l’imposant siège de la compagnie à Hydra porterait le nom symbolique de «Pépinière» car il compterait les bureaux d’employés VIP, enfants de la nomenklatura, employés par complaisance.
De même, Tebboune ordonne, vraisemblablement sur la base d’un rapport remis par Abdelmadjid Attar, la réduction du nombre de postes de responsabilité au sein du groupe, éclaboussé par de graves affaires de corruption et de prévarication. En 2012, les services des renseignements remettaient à l’ex-président Bouteflika un rapport détaillé sur les filières de détournement de l’argent du pétrole durant le long règne de Chakib Khelil à la tête du ministère et de la compagnie en même temps, dont il fit sa chasse gardée. Les affaires Sonatrach I et II éclatèrent alors, mais Chakib Khelil a réussi à passer entre les mailles du filet et n’a jamais été inquiété à ce jour.
Dans une récente contribution publiée dans Algeriepatriotique, l’expert international Lagha Chegrouche a expliqué comment Chakib Khelil et Abdelmoumen Ould-Kaddour ont transformé la société en «coquille vide». «La gouvernance économique, libéralisation et régulation, telle que pratiquée en Algérie à l’époque de Chakib Khelil et Abdelmoumen Ould-Kaddour, procède d’un mode abrutissant (…) malgré la prolifération des lois et règlements en la matière», affirmait ce professeur à l’université de Paris, selon lequel ces deux anciens responsables adoptaient une «vision sans stratégie de gouvernance» et sans évaluation des «préférences» et des «enjeux économiques et sociaux».
«Le processus de gouvernance [de Sonatrach] a été confié à des apparatchiks dont l’incompétence le dispute à l’approximation, convertis à un libéralisme via un détour outre-marin pour cette élite, mais par intérêt rentier, opportunisme politique ou incitation partisane pour la multitude. En effet, les partisans de ce libéralisme, de plus assumé sans continence, ont pris le contrôle et l’autorité du processus de gouvernance managériale parce que le pays était contraint et les honnêtes compétences écartées», a relevé le professeur Lagha Chegrouche.
H. A.
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