France : Emmanuel Macron à la reconquête d’une opinion publique incrédule
Par Mrizek Sahraoui – Les circonstances que le président français était loin d’imaginer à l’entame de son mandat ne lui laissent guère de choix. En effet, Emmanuel Macron va finalement se plier à la traditionnelle interview télévisée réalisée en marge des festivités du 14 Juillet, à l’opposé des deux premières années du quinquennat. Une tradition instituée par Valéry Giscard d’Estaing en 1978 et perpétuée par tous les présidents qui se sont succédé depuis lors. Les sujets ne manquent pas, les solutions aux problématiques, en revanche, ne présentent aucune assurance de prendre corps, Emmanuel Macron ne disposant que d’une étroite marge de manœuvre, plus étriquée encore à la suite de la pandémie du Covid-19 dont le bilan vient de franchir la barre des 30 000 victimes.
La relance de l’économie la plus violemment frappée en comparaison avec celles des voisins européens pourtant moins lotis, la protection sociale qui s’est totalement effilochée singulièrement au cours de ce mandat, l’Europe plus que jamais à un doigt d’imploser, la guerre au Sahel qui prend les allures d’un engagement à durée illimitée, les relations exécrables avec la Turquie induites par le conflit libyen, l’emploi qui a subi les contrecoups de la pandémie – 900 000 emplois perdus en 2020 en France – sont autant de sujets que le Président devrait aborder à l’occasion de cet échange avec deux journalistes de la chaîne publique France 2 et TF1.
Comme d’habitude, le président français va donner de la voix à foison. S’agissant des actes, comme à chaque fois, ceux-ci ne seront pas au rendez-vous, a taclé un député de l’opposition, ajoutant que, bien qu’il entame la dernière ligne droite de son mandat, Emmanuel Macron donnera toujours le sentiment d’être dans une interminable campagne électorale, commencée en 2016.
«Le 14 Juillet : le symbole de notre résilience», «Année de Gaulle», «Une nation engagée, unie et solidaire», «Esprit de conquête» sont autant de thèmes mis en avant, mais qui ne suffiront pas, prophétisent certains analystes, au regard, explique-t-on, de la crise politique avec l’échec cuisant du parti présidentiel aux municipales marquées par une abstention record, de la double crise économique et sociale avec des inégalités qui explosent et de l’acuité de la crise sanitaire en cours. Le tout dans un climat de défiance populaire vis-à-vis de l’Exécutif inédit et sans référence dans la Ve République.
Certains commentateurs fins connaisseurs de la méthode Macron indexent une stratégie de (re)conquête de l’opinion publique mise en place à travers l’occupation du terrain, assurant par ricochet une vaste surface médiatique. Cela explique, d’après les mêmes commentateurs, pourquoi Emmanuel Macron est revenu aux fondamentaux du monde d’avant et dans quel but les ministres sont à peu près partout dès après leur nomination : objectif 2022.
Le nœud de la question, c’est que le peuple français a bien compris le manège depuis un bon moment déjà.
M. S.
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