Les armées turque et égyptienne bientôt en Libye : l’ANP doit-elle intervenir ?
Par Abdelkader S. – Le Parlement libyen vient de voter une loi autorisant l’armée égyptienne à intervenir sur le sol libyen. Une décision qui intervient en pleine escalade dans la région avec, notamment, les velléités expansionnistes de plus en plus affichées du sultan d’Ankara, nostalgique de l’empire ottoman, et au moment où la France appelle à une réunion d’urgence pour contrer les plans du va-t-en-guerre Erdogan en Libye.
On s’achemine donc vers une conflagration à nos frontières est, dans un pays avec lequel l’Algérie partage une frontière de près de mille kilomètres et entretient des relations historiques bilatérales et dans le cadre de l’Union maghrébine. Dilemme pour l’armée algérienne qui n’a pas encore reçu le feu vert constitutionnel pour intervenir hors des frontières pour repousser l’offensive tous azimuts à laquelle prennent part directement six pays au moins : la Turquie, l’Egypte, les Emirats arabes unis, la Russie, la France et l’Italie.
Le président turc a affirmé, en réaction aux critiques suscitées par la conversion de l’église Sainte-Sophie en mosquée, que son pays avait des «droits» en Libye, sans préciser lesquels. Mais des sources très au fait du dossier ont expliqué que Recep Tayyip Erdogan fait clairement allusion au passé ottoman et que, dès lors, l’Algérie est la cible principale pour le parti islamiste au pouvoir, l’AKP, qui multiplie les manœuvres contre notre pays à travers ses relais algériens inféodés à la secte des Frères musulmans, dont le quartier général a été transféré du Caire vers Istanbul, depuis l’éviction de Mohamed Morsi et la récupération du pouvoir par l’armée en Egypte.
Les actions de l’organisation Rachad entrent dans ce cadre, Erdogan cherchant à déstabiliser l’Algérie d’une façon sournoise, au regard de la puissance de l’armée algérienne qui le fait opter pour une guerre larvée via des tentatives visant à provoquer des violences dans le pays pour l’affaiblir et pouvoir ainsi étendre ses tentacules à son objectif primaire, cœur de l’Afrique du Nord et réminiscence d’un passé «glorieux» de la Sublime Porte, lorsque celle-ci occupait l’Algérie sous couvert d’une Régence justifiée par la défense de l’islam face aux Croisés. En réalité, une occupation déguisée.
Les bruits de bottes se font de plus en plus entendre en Libye et l’Algérie ne peut plus se contenter d’appeler à une solution politique lorsque des puissances étrangères ne cachent plus leurs desseins néocoloniaux dans la région. Les nombreux exercices militaires effectués par l’ANP sont autant de mises en garde contre toute tentative de violer le territoire libyen au nez et à la barbe d’une Algérie décidée à défendre ses intérêts quoi qu’il en coûte. Le président Tebboune l’a intelligiblement fait savoir dès sa prise de fonctions.
A. S.
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