Armement des milices en Libye : la réponse d’Alger à Al-Sissi et Erdogan
Par Nabil D. – L’Algérie est préoccupée au plus haut point par l’armement des milices en Libye par la Turquie et l’Egypte. Et c’est pour apporter des explications que le président du Parlement de Tobrouk, Aguila Salah, se rend à Alger ce samedi pour y rencontrer son homologue algérien et le ministre des Affaires étrangères, avant d’être reçu en audience par le président Tebboune.
C’est par le biais d’une source diplomatique que les autorités algériennes ont fait savoir qu’elles s’opposaient avec vigueur aux démarches turque et égyptienne qui cherchent l’embrasement en Libye et dans la région tout entière. «L’armement des tribus en Libye ne fera qu’envenimer la situation en ce sens qu’il ajoute un élément armé au conflit déjà complexe», a affirmé la source diplomatique algérienne, en ajoutant que «rien ne garantit» que ces armes que Le Caire et Ankara fournissent aux belligérants en Libye «ne tombent pas entre les mains des groupes armés terroristes dans la région du Sahel, notamment dans les zones contrôlées par les tribus dont l’influence s’étend au sud, à Ghât et Ghadamès».
L’exacerbation de la situation dans ces zones «vitales» constitue une «sérieuse menace» pour la sécurité de l’Algérie, a fait savoir la source diplomatique, qui a précisé que «tout changement des règles et des acteurs dans le conflit libyen fera peser de gros risques sur la stabilité de l’Algérie» qui rejette de façon catégorique la décision du président égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, d’alimenter le brasier libyen en armant à son tour une des parties au conflit pour y contrer la Turquie dont le Parlement a adopté une résolution autorisant l’armée turque à intervenir sur le sol libyen. Ce que l’Algérie rejette d’une manière tout aussi ferme.
Les bruits de bottes se font de plus en plus entendre en Libye, et l’Algérie ne peut plus se contenter d’appeler à une solution politique lorsque des puissances étrangères ne cachent plus leurs desseins néocoloniaux dans la région. Les nombreux exercices militaires effectués par l’ANP sont autant de mises en garde contre toute tentative de violer le territoire libyen au nez et à la barbe d’une Algérie, décidée à défendre ses intérêts quoi qu’il en coûte.
Le président Tebboune l’a intelligiblement fait savoir dès sa prise de fonctions et l’a répété dans ses récents entretiens à des médias français, en faisant clairement part des inquiétudes de l’Algérie face à une «somalisation de la Libye».
N. D.
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