Les soldats de l’alternance et la contre-alternative salutaire

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Lors d'un rassemblement de la diaspora algérienne à Place de la République à Paris. D. R.

Par Azar N-ath Quodia – Je récuse par nature les religions, mais c’est vivre dans le déni que de ne pas reconnaître que l’islamisme a pénétré profondément la société traditionnelle algérienne grâce à l’aide exceptionnelle apportée par le pouvoir anthropophage d’Alger, et ce, depuis la fin des années 1970. La place de la religion en Algérie dans ce qu’elle a de plus futile – ce qu’il faut manger ou boire, s’habiller en burqa ou non – a toujours été prépondérante. Mais force est de constater que les religieux sont les seuls politiques à avoir un projet politique et social capable de faire se soulever des foules entières. Aujourd’hui, n’en déplaise à nos pseudo-démocrates, si des élections sans trucage avaient lieu, les partis religieux rafleraient la mise. Les pourfendeurs de la démocratie (mais existe-t-elle seulement ?) réclament l’égalité́ homme-femme, mais jamais on ne verra un homme politique démocrate faire sa campagne électorale avec sa femme à ses côtés.

Il aura fallu soixante ans pour qu’un peuple découvre enfin que son indépendance est truquée par un néocolonialisme aveugle. Même avec un multipartisme débordant et une presse multicolore, le mensonge prend la forme de l’Hydre de Lerne. A chaque tentacule coupée, douze autres repoussent ! Au tout début du Hirak, je me suis posé clairement la question et à plusieurs reprises : de quoi voudrions-nous vraiment nous émanciper ? En d’autres termes, quel projet politique apporterons-nous à notre révolte pour extirper l’Algérie de demain à plus d’un demi-siècle de ténèbres ? On nous a toujours fermé les portes, à chaque fois qu’il y a eu une conférence sur la Révolution, on retrouve les mêmes personnes, avec leur discours tautologique, avec des slogans populistes.

Les bonnes questions ont toujours été refusées dans les débats publics. Quelquefois, nous étions piqués dans le dos par des inconnus pour nous empêcher de nous exprimer. La démocratie commence par l’acceptation de l’autre dans un débat complètement contradictoire. Aucune des deux chaînes de télévision qui soutenaient le mouvement n’acceptaient réellement un vrai débat contradictoire. Il n’y avait que l’illusion d’une liberté d’expression. Elles avaient toujours les mêmes invités. Les soupçons pleuvaient sur tous ces personnages bamboches, certains ont des organisations internationales autorisées par des administrations européennes. Ils possédaient même les moyens de louer des salles parisiennes pour leurs conférences et avaient le culot d’inviter Jacques Attali. Plus étonnant encore, ils se font inviter pour parler au nom du peuple révolté, au Parlement européen. Tout ceci m’a convaincu que la place de la République, les dimanches à Paris, n’est qu’une procession des «pèlerins» à la recherche de l’alternance faute d’une vraie alternative. Voilà une vérité martiale, si triste et si profonde d’un peuple soumis à un totalitarisme qui ne dit pas son nom. Le revoilà prêt à souffrir de la monotonie, du dégoût et de l’éternel recommencement. Et lorsqu’on vient d’en rire, on veut en pleurer, ainsi on meurt aussi d’une risée. Ces gens ne sont nullement des opposants ; ils sont payés par des mouvements mondialistes apatrides pour que jamais ne naissent de véritables concurrents.

D’ailleurs, pourquoi toujours regarder vers l’Occident ? Leurs pseudo-démocraties sont moribondes. Nous n’avons jamais orienté notre regard vers le bon endroit. Pourquoi ne pas se tourner vers notre continent et essayer de construire une alternative africaine ? Nous ne sommes ni des Européens ni des Orientaux, nous sommes des Africains avant tout et la solution est africaine. Des mouvements pour la véritable libération du continent sont à l’œuvre dans toute l’Afrique. Ils essaient aussi de se débarrasser de leurs dirigeants à la solde de la Françafrique : Paul Biya au Cameroun, Faure Gnassimbé au Togo, Ali bongo au Gabon, Sassou Nguesso au Congo Brazza, Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire et j’en passe. Beaucoup de choses sont en branle dans notre continent et nos démocrates de pacotille ne s’aperçoivent de rien.

Notre salut viendra de l’Afrique ou nous sommes tous condamnés à mourir ensemble…

A.-N.-Q.

Comment (2)

    Abou Stroff
    18 juillet 2020 - 8 h 13 min

    « quel projet politique apporterons-nous à notre révolte pour extirper l’Algérie de demain à plus d’un demi-siècle de ténèbres ? » s’interroge l’auteur.
    je pense que la problématique se situe dans le constat indéniable qu’en algérie, il y a une lutte à mort entre un monde ancien (le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation dont la superstructure idoine est la religion musulmane, dans toutes ses variantes) qui ne veut pas mourir et un monde nouveau (le monde où le travail est la base objective et la valeur fondamentale autour de laquelle gravitent tous les rapports sociaux) qui ne parvient pas à naître ou si l’on préfère entre deux projets de société antagoniques où la reproduction de l’un exige la mort assurée de l’autre (le compromis entre les deux mondes est objectivement et subjectivement impossible et ceux – de quelque bord qu’ils soient- qui recherchent un quelconque compromis, n’ont d’autre objectif que la pérennisation de système qu’il sont supposés combattre.
    si l’hypothèse avancée est correcte, alors, il nous faut admettre que la marabunta qui nous gouverne et la vermine islamiste ne portent point des projets de société particuliers, différenciés et en opposition, mais la marabunta et la vermine ne sont,en fait, que deux faces d’un même pôle, i. e., le pôle des rentiers du système rentier.
    il s’avère donc que, dans le cas algérien, nous ne sommes en face que d’une fausse opposition. en d’autres termes, comme répété depuis des lustres, il semble bien que le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation ne génère point les conditions de son propre dépassement ou dit plus crûment, ne produit pas ses propres fossoyeurs.
    ainsi, les couches sociales dont les intérêts bien compris exigeraient l’émergence du monde nouveau sont quasi-minoritaires pour ne pas dire insignifiantes et n’ont, tant que la rente se déverse quasiment sur toutes les couches sociales composant la formation sociale algérienne, ni base objective, ni base subjective pour ériger le monde nouveau auquel elles aspirent.
    moralité de l’histoire: il me semble que sans un tsunami dévastateur (un baisse prolongée des prix des hydrocarbures, entre autres) la formation sociale algérienne continuera à tourner en rond et la marabunta continuera à s’enrichir grâce à son monopole sur la distribution de la rente, et la vermine continuera à s’enrichir grâce à son quasi-monopole sur les commerces formel et informel et les partisans du monde nouveau continueront à gigoter sur une scène politique sur laquelle ils n’ont aucune emprise.

    Anonyme
    17 juillet 2020 - 19 h 02 min

    « les religieux sont les seuls politiques à avoir un projet politique » c’est là leur réussite!! c’est de t’avoir fait croire qu’il en avaient un!! Une religion n’est pas un programme politque. Il n’y a pas de place pour un parti religieux dans une démocratie c’est un non-sens!!. Les partis religieux qui font semblant de jouer le jeu politique ne quitteront jamais le pouvoir s’ils arrivent à s’en emparer un jour. Il faut être malade pour croire qu’une fois au pouvoir quelqu’un comme Mokri cédera la pouvoir à un non religieux. Ali Belhadj l’a bien dit. Il n’y a pas de démocratie en Islam. L’exemple Egyptien est là, bon sang!!! . Continuons à jouer avec les freristes vous verrez. Un jour ou l’autre ça se terminera avec les chars comme en Egypte.

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