Il faut corriger le rite !
Par Nouredine Benferhat – L’histoire des religions donne à croire que le sacrifice était le prototype de tous les rites sacrés. Humain ou animal, le sacrifice a fait longtemps figure de survivance universelle des religions. Même remis à une place plus modeste dans la géographie des religions, le rite du sacrifice continue de jouer un rôle clé dans la lecture du sacré chez les sociétés archaïques. La fonction de la victime, comme étudiée par les anthropologues, chez certains peuples primitifs n’est pas d’opérer une médiation entre les hommes et Dieu, mais d’être porteuse de toutes les tensions internes, rancunes et violences potentielles qui existent au sein d’une communauté.
Dans le soufisme et dans une pratique éclairée de notre religion, la symbolique du sacrifice est comprise comme un acte d’exaltation et de dévotion à Dieu et non un geste destiné à être reproduit systématiquement.
Dans une société où le rituel est profondément ancré dans les coutumes, il appartient à l’Etat d’empêcher que s’installent des pratiques qui transgressent les règles de vie citadine. Les moutons sont introduits dans la ville et les immeubles, les quartiers transformés en lieu d’abattage avec ce que cela provoque comme nuisances.
Des solutions existent dont nous pourrions nous inspirer. En Malaisie ainsi que dans d’autres pays musulmans d’Asie, un seul mouton est sacrifié au nom des habitants du village ou du quartier.
Pour Ibn Khaldoun, «le citadin se soumet aux lois et la religion devient extérieure. La loi religieuse est devenue une simple branche du savoir et une technique acquise par l’instruction et l’éducation».
Un autre rituel mériterait de prospérer chez nous, celui appelé «rites d’interaction» où l’individu ne se contente pas d’affirmer son propre statut et imposer ses propres mœurs, mais marque de la déférence à l’égard de l’autre.
Ces rites sociaux, appelés «politesse», reflètent les valeurs essentielles de la culture en matière d’éthique, d’esthétique ou d’hygiène.
N. B.
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