Impact du Covid-19 sur l’économie nationale : qui va payer la facture ?
Par Mounir Serraï – Le préjudice économique causé par les mesures préventives contre le coronavirus est énorme. L’évaluation de cet impact est en cours. Une commission de «sauvegarde» de l’économie nationale a été installée. Les dégâts sont importants et doivent se compter par centaines de milliards de dinars, en raison d’un arrêt quasi total de l’activité économique de plusieurs filières durant trois mois.
Dans une récente déclaration, le Premier ministre reconnaît le grave préjudice causé à l’économie nationale. S’abstenant d’avancer des chiffres tant l’évaluation est en cours, le Premier ministre précise que la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver une crise déjà là, profonde et complexe. La paralysie économique provoquée par la propagation du coronavirus a été aggravée par la chute vertigineuse des prix du pétrole, qui constitue la source de revenus en devises pour le pays.
Plusieurs secteurs sont durement affectés. En premier lieu, celui des travaux publics et du bâtiment. Les chantiers sont à l’arrêt depuis mars dernier, occasionnant ainsi des pertes colossales pour les entreprises, voire la faillite pour certaines d’entre elles. Le tourisme et l’hôtellerie sont également très affectés par cette crise. La restauration et les loisirs aussi sont durement affectés par la persistance de cette pandémie et donc des mesures préventives empêchant ainsi les restaurants, les hôtels et les centres de loisirs de reprendre. Mais pas seulement. De nombreux commerçants, contraints de fermer durant trois mois, ont du mal à remonter la ponte.
Le préjudice occasionné par les mesures préventives contre le coronavirus est énorme. Mais qui va payer la facture ? Tout récemment, le ministre des Finances a évoqué cette situation. Il a fait part dans ce sillage du déblocage d’une enveloppe financière en dinars et d’une autre en devises pour la relance de l’activité économique. Il a avancé le chiffre de 1 000 milliards de dinars et de 10 milliards de dollars qui seront puisés des réserves de change qui ont considérablement baissé à cause de l’aggravation du déficit commercial. Le ministre n’a cependant pas expliqué comment cet argent va être utilisé et qui va en bénéficier. Le gouvernement n’a pas parlé, cependant, d’une éventuelle indemnisation des opérateurs économiques affectés par les mesures préventives contre le coronavirus.
De nombreux Algériens dont l’activité a été affectée par cette pandémie broient du noir. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Le taux de chômage a beaucoup flambé et le pouvoir d’achat des Algériens est durement affecté. Quelle stratégie va être adoptée pour éviter une faillite économique totale ? Dans certains pays avancés, on commence à surtaxer les profits des secteurs qui ont «profité» de cette crise sanitaire, notamment celui de l’industrie pharmaceutique qui a connu une croissance de 30% depuis le début de la pandémie.
Mais chez nous, la crise économique est antérieure à la pandémie qui l’a, certes, aggravée. Toute solution doit donc tenir compte de tous les facteurs ayant conduit à cette crise économique bien avant l’apparition du coronavirus. Pour de nombreux économistes, il faudra une thérapie de choc à travers des stratégies minutieuses et précises pour chaque secteur et une vision à court, moyen et long terme. Un travail titanesque attend donc l’Exécutif s’il veut réellement sortir le pays de la crise économique actuelle.
M. S.
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