Nordine Aït Hamouda : «Ben Badis a falsifié la Déclaration de Novembre !»
Par Abdelkader S. – Le fils du colonel Amirouche a dit leurs quatre vérités à «ceux qui veulent faire d’Abdelhamid Ben Badis un prophète». Intervenant sur la chaîne Berbère TV, Nordine Aït Hamouda a affirmé qu’«[ils] veulent nous présenter Ben Badis comme un prophète parce qu’il a affirmé que l’islam nous a arabisés, alors que lui-même est berbère». Accusant le fondateur de l’Association des oulémas de «menteur», il s’est interrogé : «Si l’islam arabisait réellement, que dire alors des Indonésiens dont le pays est le premier grand du monde musulman, que dire aussi des Iraniens ?» «Pourquoi devrions-nous être les seuls à devoir être arabisés par l’islam ?» s’est-il insurgé, en appelant à ne pas «mêler une colonisation culturelle avec la religion».
Evoquant la Déclaration de Novembre, Nordine Aït Hamouda a expliqué que celle-ci «a été falsifiée par Ben Badis qui y a ajouté bismillah (la formule coranique introductive, ndlr) alors qu’elle n’existe pas dans la version originelle rédigée en français». Pour lui, «cette association s’est autorisée à triturer le texte fondateur de la Révolution armée alors qu’aucun de ses membres n’a participé au 1er Novembre». «L’Association des oulémas est une association pro-française qui était pour la colonisation», a-t-il asséné, en traitant Ben Badis de «harki».
«Les islamistes n’ont rien à voir avec la Déclaration du 1er Novembre qu’ils ont découverte en même temps que les Français», a-t-il insisté, en rappelant que les partis qui se sont réunis à Sant’Egidio en janvier 1995 ont également menti par rapport à cette Déclaration fondatrice de l’Algérie indépendante. «La Déclaration stipule que la lutte vise à l’instauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social, dans le cadre des principes islamiques, les rédacteurs du document n’ont pas dit dans le cadre de la Charia, comme cela a été affirmé faussement à Sant’Egidio», a-t-il soutenu, en reprochant à ceux qui s’arrêtent à ce passage de ne pas avoir lu la totalité de l’alinéa : «Mais ils n’ont pas lu la suite de la phrase plus bas : le respect de toutes les libertés fondamentales, sans distinction de race et de confession.» «Aussi, a-t-il précisé, un Algérien est libre d’épouser la religion qu’il veut et il a le droit d’être laïc ou même athée, s’il le veut.»
Nordine Aït Hamouda a indiqué que Ben Badis «n’a jamais plaidé pour l’indépendance», que «cela a été son choix» et que son père «était chevalier de la Légion d’honneur». Il a rappelé qu’en 1936 Abdelhamid Ben Badis «avait pris fait et cause pour le projet Blum-Violette, la loi par laquelle le Président français pouvait octroyer la nationalité française à certains Algériens». «Ben Badis a applaudi cette loi des deux mains mais, heureusement ou malheureusement pour lui, l’Assemblée française l’a rejetée.» «L’Association des oulémas était d’accord pour le rattachement de l’Algérie à la France», a encore dit le président de la Fondation Amirouche, selon lequel «les Algériens se battaient pour l’indépendance du pays pendant que les membres de l’Association des oulémas s’échinaient à garder la haute main sur les mosquées».
Et de rappeler que Ben Badis a rendu visite au Président français et que, le 1er avril 1933, il écrivait dans les colonnes du journal Al-Sounna : «Nous ne sommes pas les ennemis de la France et nous n’activerons jamais contre ses intérêts. Au contraire, nous tâcherons de leur faciliter la mission de civiliser toute la nation.»
«Il a fallu qu’Abane sorte de prison pour qu’il aille à leur (les membres de l’Association des oulémas, ndlr) rencontre en 1957, il a réussi à en convaincre quelques-uns, individuellement, de participer à la Guerre de libération», a affirmé Nordine Aït Hamouda qui note que l’Association «compte un nombre très limité de martyrs dans ses rangs», en estimant que «l’histoire va les condamner».
A. S.
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