Zekri commente le discours de Darmanin : «La France ne s’est pas libérée d’elle-même»
Par Mohamed K. – Le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) a réagi au discours du ministre français de l’Intérieur prononcé à l’occasion de la cérémonie d’hommage aux «combattants musulmans». «J’approuve totalement le discours de M. Gérald Darmanin à Verdun, car c’était un discours empreint de sincérité et non polémique» car «il n’a pas parlé d’islam et d’islamisme, mais de la contribution des musulmans morts pour la France», a indiqué Abdellah Zekri dans une déclaration à BFMTV.
«Le 25 juin 2006, le président Chirac a réparé une injustice en inaugurant le mémoriel aux combattants musulmans de la Première Guerre mondiale à l’ossuaire de Douaumont où reposent 592 dépouilles de musulmans, symbole de la bataille de Verdun», a-t-il souligné. Abdellah Zekri qui était présent à cette cérémonie d’inauguration, en 2006, a rappelé avoir dit à Chirac qu’«il fallait une mémoire du sacrifice et cette dernière a besoin de lieux pour être honorée et perdurer, enfin un mémoriel contre l’oubli».
Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie a considéré que le discours de Jacques Chirac avait «exalté la France dans sa diversité». «Chirac avait déclaré que l’islam a pris racine dans les plaines labourées de Verdun, Douaumont et Fleury», rendant ainsi un hommage soutenu aux tirailleurs algériens, tunisiens, sénégalais et aux tabors marocains.
«La France ne s’est pas libérée d’elle-même, la moitié des morts de la Seconde Guerre mondiale n’étaient pas des citoyens français, mais des sujets français. Durant la Première Guerre mondiale, 31 régiments représentant plusieurs divisions constituées par des tirailleurs se sont illustrés sur les champs de bataille de la Marne, chemin des Dames et Verdun», a encore précisé Abdallah Zekri, en rappelant que 170 000 Algériens, 62 400 Tunisiens et 37 000 Marocains y ont pris part.
«Dans la bataille de Sedan, 5 400 Maghrébins et 5 000 Africains ont été tués alors qu’ils étaient simples indigènes de la République», a noté le délégué général du CFCM, en relevant que, lors de la Seconde Guerre mondiale, «plusieurs prisonniers ont échappé à la captivité pour rejoindre les maquis et furent même compagnons de la libération du général De Gaulle». «Dans la bataille d’Alsace, deux tiers des 13 000 tués étaient musulmans, 42 000 blessés sous les ordres des généraux Juin et De Lattre de Tassigny», a-t-il ajouté. «Puis il y a eu 122 900 Nord-Africains qui ont débarqué en 1956 en Indochine pour y combattre. Enfin, la Guerre d’Algérie qui a mis fin à une longue nuit coloniale de 132 ans», a déclaré Abdallah Zekri.
«En réalité, l’histoire des musulmans et leur présence sur les champs de bataille datent du XIXe siècle : 1802, avec Napoléon Bonaparte ; 1805, bataille d’Austerlitz, 1856, guerre de Crimée ; 1870, conflit contre Bismarck», a énuméré Abdallah Zekri dans son intervention à la chaîne d’information en continu BFMTV, en expliquant que «c’est pour cela que les cérémonies en l’honneur des musulmans morts pour la France sont un véritable moment de reconnaissance aux exploits et aux hauts faits d’armes des anonymes dont les noms se terminent par Ahmed, Mohamed, Ali, Moussa ou Djamel».
Pour le délégué général du CFCM, le discours du ministre de l’Intérieur, qui était «empreint de sincérité et reflétait l’histoire de ces musulmans morts pour la France, a touché un grand nombre d’anciens combattants français musulmans».
M. K.
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