Affaire Ghermit Benouira : l’étau se resserre autour du général Lachkhem
Par Mounir Serraï – L’information donnée le 30 juillet par Algeriepatriotique vient d’être confirmée aujourd’hui [dimanche] par les services de sécurité qui ont levé le secret via un communiqué diffusé par l’agence officielle APS.
«Sur ordre du président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, et en coordination entre nos services de sécurité et les services de sécurité turcs, l’adjudant-chef à la retraite Ghermit Benouira, qui avait fui le pays, a été remis jeudi aux autorités. Il comparaîtra devant le juge d’instruction militaire lundi», lit-on dans ce communiqué. Ainsi donc, l’ancien secrétaire particulier de Gaïd-Salah, qui était en fuite en Turquie avant d’être récupéré et rapatrié par des officiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), doit répondre devant la justice de faits graves, allant d’atteinte à ses obligations professionnelles à la trahison, en passant par le viol du secret défense, vol et détournement de documents officiels classés confidentiels. La liste des accusations est loin d’être exhaustive.
Cet adjudant-chef a été pendant de longues années au centre du pouvoir incarné par Gaïd-Salah. Après son décès, Ghermit Benouira, considéré par certains comme la boîte noire de Gaïd-Salah, a vite pris la fuite grâce à l’aide de l’ancien directeur de la DGSI, Wassini Bouazza, qui croupit en prison, mais aussi celle de l’ancien directeur des transmissions au MDN, Abdelkader Lachkhem, frappé depuis fin juin d’une ISTN. Si Wassini Bouazza a déjà écopé de huit ans de prison dans une première affaire, le général Lachkhem, quant à lui, n’a pas été pour le moment convoqué par la justice militaire. Mais la récupération de Ghermit Benouira risque ainsi de faire accélérer les choses.
Comme nous l’avions déjà écrit, Ghermit Benouira négociait sa naturalisation contre des documents qu’il aurait subtilisés du coffre-fort de l’ancien vice-ministre de la Défense nationale, mais le Président turc semble avoir saisi le message d’Alger qui a considéré cette affaire comme un casus belli et un acte hostile contre les intérêts fondamentaux de l’Algérie.
Ce sous-officier véreux, qui a fait fortune par le biais de sa proximité avec l’ancien homme fort de l’armée et des magouilles auxquelles il s’adonnait impunément jusqu’à sa retraite anticipée, alimentait les réseaux de Rachad, notamment Larbi Zitout, en «informations confidentielles», sans que ce dernier sache que derrière son informateur «anonyme» se cache le même Benouira.
Cette affaire fait partie de celles nombreuses pour lesquelles le général Wassini Bouazza sera jugé par le tribunal militaire de Blida, expurgé de ses magistrats taillables et corvéables à merci, remplacés par des officiers intègres, dans le cadre de la réhabilitation de la justice militaire dont le premier prodrome fut le limogeage congru du général Amar Boussis, lui aussi dans le viseur de la Direction centrale de la sécurité de l’armée.
M. S.
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